“Poutine devrait s’en prendre à la Pologne et à la Roumanie”
Les menaces nucléaires du chef du Kremlin n'intimident plus personne, c’est du moins ce que pensent les analystes russes.
Un responsable russe, souhaitant rester anonyme et repris dans les colonnes du Washington Post, explique que "l'immunité contre de telles déclarations s'est déjà développée et elles ne font peur à personne". Une observation qui met en lumière les limites de la stratégie signée Poutine, alors qu’il n’a de cesse de brandir la menace nucléaire depuis le début de son “opération spéciale”. Si son objectif était de faire frémir l’Occident, qu’il accusait de franchir la ligne rouge (livraison d’armes, de chars, de missiles longue portée à l’ennemi…), il semble qu’il n’ait pas été atteint. Un scientifique russe de préciser : "il est entendu que les lignes rouges tracées par Moscou sont ignorées par l'Occident et que des mesures plus significatives doivent être prises par Moscou pour démontrer le sérieux de ses intentions".
Pour l’un des analystes russes, le scénario de la réponse nucléaire est le moins probable et ce, pour deux raisons : cette décision "contrarierait les partenaires de la Russie au Sud", et aurait un certain impact politique pour Moscou, et elle aurait une "faible efficacité militaire". Et Tatiana Stanovaya, fondatrice du cabinet de conseil politique français R.Politik, d’appuyer ces arguments. D'après elle, l’utilisation du nucléaire serait la pire option pour toutes les parties prenantes du conflit, en ce compris le président russe. Tatiana Stanovaya estime d’ailleurs que l’Occident devrait se montrer encore plus agressif pour inciter Poutine à de telles extrémités.
Selon d’autres experts russes, Moscou devrait ‘intensifier les choses” et s’en prendre, par exemple, à des bases aériennes de Pologne ou Roumanie, stockant les avions F-16 livrés à l’Ukraine. Quant au professeur d'études militaires au King's College de Londres, Lawrence Friedman, le Kremlin pourrait envisager des alternatives au nucléaire et opter pour des "des opérations de sabotage contre des cibles militaires ou d'autres infrastructures en Occident".
Tous concluent de la même manière, les menaces du président russe étaient "délibérément ambiguës", laissant la place à l’interprétation… Et, en général, l’humain a tendance à interpréter le pire.
(Manon Pierre - Source : L’Indépendant - Picture : by Kremlin.ru via Wikicommons under license Creative commons CC-BY-4.0)