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"Faut-il être un héros pour être traité dignement?"

Passée la compréhensible émotion qui a entouré le geste de Mamoudou Gassama, ce jeune Malien sans papiers qui a escaladé un immeuble pour sauver un enfant et qui a été reçu lundi par Emmanuel Macron, lequel lui a annoncé sa future naturalisation, certaines voix s'élèvent en France pour rappeler que le traitement des migrants ne doit pas être masqué par l'écran de fumée produit par ces événements.

Raphaël Glucksmann, directeur du Nouveau Magazine Littéraire, publiait lundi une tribune dans laquelle il pose une question pertinente: "Faut-il être un héros pour être traité dignement?", se demande-t-il.

"Je suis heureux de vivre dans un pays dans lequel les actes de bravoure comme celui de Mamoudou Gassama sont célébrés et récompensés", écrit Raphaël Glucksmann

"Je suis heureux, surtout, pour cet homme courageux qui va enfin, grâce à son acte exemplaire (au sens fort), mener l'existence digne que permet seule dans notre société l'obtention de ces fameux "papiers" sans lesquels rien, strictement rien n'est possible", souligne l'auteur de cette lettre ouverte, rompant ainsi l'unanimisme et la béatitude qui a saisi la France.

"Mais je serais plus heureux encore de vivre dans une nation qui n'attendrait plus d'un migrant qu'il escalade un immeuble pour sauver un enfant au péril de sa vie avant de le traiter dignement", pointe avec à propos l'essayiste.

"Je serais heureux et fier que nos autorités et notre classe politique n'entretiennent plus les peurs et s'interdisent toute métaphore déshumanisante quand il s'agit d'évoquer les questions migratoires", insiste Raphaël Glucksmann.

"Les symboles sont nécessaires. À condition qu'ils nous permettent d'éclairer les problèmes et non de les masquer derrière un écran de fumée. Que l'élan de générosité autour de Mamoudou Gassama s'étende aux invisibles et aux sans-droits et sans-toits que nos politiques répressives produisent. Et là nous pourrons être heureux ensemble. Et fiers aussi", conclut-il.

(LpR - Source : Le Nouveau Magazine Littéraire/Picture : Twitter)

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