La Belgique ingouvernable dans huit mois?
A quoi ressemblerait le paysage politique belge au soir des élections fédérales, régionales et européennes du 26 mai 2019? C'est à cette question que le CRISP (Centre de recherche et d'information socio-politiques) a tenté de répondre en essayant de déterminer quelle serait la composition des parlements wallon et flamand, sur base des résultats des élections provinciales de dimanche dernier.
Et les résultats de ces projections ne sont guère rassurants.
En Wallonie, une majorité alliant le PS, Écolo et le PTB en 2019 est théoriquement possible. Mais le PTB acceptera-t-il gouverner avec un nombre d'élus insuffisants pour mener les politiques qu'il défend? Peu probable...
Mais, le gouvernement wallon actuel (MR-CDH) perdant sa majorité selon ces projections, il faudra bien trouver une nouvelle coalition. Un mariage PS-CDH? Un scénario presque impossible depuis le coup de poignard dans le dos de Benoît Lutgen, à l'été 2017, qui avait brutalement éjecté le PS de la majorité.
Restent alors deux majorités possibles sur base des projections du CRISP : une bipartite PS-MR ou une tripartite MR-Écolo-CDH, les libéraux restant donc incontournables malgré un recul de trois sièges… Le PS et le MR étant au coude à coude, le score de ces deux formations en 2019 sera crucial, pour déterminer qui aura la main dans les futures négociations.
En Flandre, la situation est tout autre. Si la gauche progresse au sud du pays, au Nord, la droite se maintient. La majorité flamande actuelle (N-VA, CD&V, Open VLD), même fragilisée, resterait arithmétiquement possible. Un clivage qui risque de rendre très difficiles les négociations au fédéral.
Et qu'en est-il de l'avenir de Charles Michel? Pour se maintenir à son poste de Premier ministre, il faudrait que la coalition suédoise (MR, N-VA, CD&V, Open VLD) soit reconduite. Or, selon les projections du CRISP, le gouvernement perdrait de peu sa majorité à la Chambre.
Le CDH pourrait faire l'appoint, mais une alliance entre la N-VA et les humanistes paraît contre nature. La N-VA, de son côté, ne montera probablement dans un gouvernement fédéral que dans la configuration actuelle. Mais se passer de la N-VA ne sera pas simple, car les autres configurations possibles n'obtiendraient pas la majorité dans le groupe linguistique flamand.
La Belgique fédérale risque donc d'être ingouvernable au soir des élections générales du 26 mai 2019 à cause de l'éparpillement des voix entre les forces politiques.
Une nouvelle (et longue) crise politique en pesrpective?
(LpR - Picture : Belga)