Le mépris de Bruxelles "dans les gènes" de l'Etat Belge
Dans une longue interview accordée à La Dernière Heure, Didier Gosuin (Défi), actuel ministre bruxellois de l'Économie et de l'Emploi et indéboulonnable bourgmestre d'Auderghem, revient sur ses 20 années de carrière au sein de l'exécutif bruxellois.
Evoquant la situation du marché de l'emploi à Bruxelles, il reconnaît que la situation reste "très difficile" avec un taux chômage de 16,5 % dans la Région. "Quand j'ai repris les fonctions, on était à 22 %, donc ça va mieux", note-t-il, regrettant que plusieurs communes bruxelloises fassent toujours partie des 10 communes les plus pauvres de Belgique.
"Dans les années 60 et 70, c'est Bruxelles qui a supporté tout le poids de l'immigration organisée. Rien n'a été fait par le Fédéral. Aucun moyen n'a été donné à Bruxelles pour gérer cette situation de manière efficace. (...) Le fédéral ne reconnaît pas cette évidence," dénonce-t-il tout en faisant un constat paradoxal.
En effet, si Bruxelles est une Région pauvre, elle est aussi celle qui "produit le plus de richesses et le plus d'emplois", explique-t-il. "Elle contribue plus à la richesse que la Flandre et la Wallonie puisqu'on contribue à 20 % du PIB belge alors que nous représentons 12 %", pointe Didier Gosuin qui estime que la Région bruxelloise est trop constamment stigmatisée.
"On met en exergue des événements négatifs qui se déroulent à Bruxelles et qui sont condamnables, certes. D'après ce qu'on entend, lorsqu'il y a un problème à Bruxelles, c'est bien entendu la faute de tous les Bruxellois, toutes les communes, toute la Région. Cette hostilité organisée à l'égard de Bruxelles (...), elle est dans les gènes de l'État belge. Cet État n'aime pas Bruxelles. On n'aime pas Bruxelles donc on n'est pas prêt à aider Bruxelles," conclut-il.
(LpR - Source: la DH/picture : Belga)