Quel avenir pour Elio Di Rupo?
En annonçant sa volonté de s'effacer au profit de son dauphin, Nicolas Martin et en choisissant d'occuper la dernière place sur la liste socialiste montoise lors des prochaines communales, Elio Di Rupo annonce clairement la couleur: il entend se concentrer sur la présidence du PS en vue des prochaines échéances électorales décisives.
Mais quels sont les scénarios possibles sur le plan local et national? La popularité d'Elio Di Rupo reste immense dans la Cité du Doudou et un nouveau carton en termes de voix de préférence est évidemment plus que probable lors des prochaines élections communales du mois d'octobre. En vertu des règles électorales, Di Rupo pourrait donc 'in fine' revendiquer le poste de bourgmestre, malgré son pas en arrière au profit de Nicolas Martin.
Mais Di Rupo préfère botter en touche, du moins pour le moment: "C'est Nicolas Martin, notre tête de liste, qui est le candidat naturel au poste de bourgmestre de Mons." Une réponse de normand qui est aussi une façon de se ménager une porte de sortie même si le PS s'est doté de règles interdisant le cumul député/bourgmestre pour les villes de plus de 50.000 habitants. L'histoire d'amour entre Di Rupo et Mons devrait donc s'achever, sur le plan politique s'entend...
Notons qu'en faisant ce pas de côté, Elio Di Rupo joue aussi un très mauvais tour au libéral Georges-Louis Bouchez, son meilleur ennemi montois. En évitant un face-à-face avec Bouchez, il prive le tonitruant libéral, spécialiste des coups tordus - parfois sous la ceinture - de sa cible favorite et de la chambre d'écho médiatique de leur rivalité.
Mais au-delà de ces questions de tactique locales, c'est sur le plan national qu'Elio Di Rupo entend à présent se profiler. Les élections générales de 2019 (législatives, régionales, européennes) auront lieu dans six mois à peine et l'ex-Premier Ministre entend avoir les mains libres pour se consacrer à la présidence du PS.
Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il va falloir se retrousser les manches avec la montée en puissance du PTB sur sa gauche et les tempêtes internes au sein de son parti autour des questions de gouvernance.
Mais pour comprendre le calcul de Di Rupo il faut surtout retenir ceci: quel que soit le résultat du triple scrutin d'octobre, c'est avec lui qu'il faudra négocier de futures coalitions. C'est aussi lui qui distribuera les postes des éventuels ministres jusqu'en 2024. Une façon d'éteindre les incendies qui couvent parfois au sein du PS, certains rêvant de voir Elio Di Rupo se retirer avant la fin de son mandat présidentiel. Rester au centre du jeu, occuper une place de pivot incontournable, tel est sans doute son voeu principal.
Seule une défaite électorale historique des socialistes au scrutin communal serait de nature à remettre la présidence PS de Di Rupo dans la balance. Mais il lui resterait alors la possibilité de se replier dans sa citadelle montoise.
En attendant, Di Rupo a du pain sur la planche : quelle place le PS, à l'image passablement écornée, peut-il encore occuper dans un paysage politique recomposé qui se radicalise à gauche comme à droite. Comment freiner l'extrême gauche et calmer les velléités d'Ecolo? Comment redonner un sens au projet socialiste, rendu quasi inaudible parce que plombé par les scandales Publifin et Samusocial pour ne parler que des plus médiatiques.
De la réponse à ces questions dépend l'avenir politique d'Elio Di Rupo. Nouveau départ ou fin d'une époque? Bien malin qui pourrait le dire aujourd'hui...
(LpR/Picture : Belga)