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Remplacement des F-16: crash pour Charles Michel?

C'est demain qu'Américains et Britanniques doivent présenter leur offre finale afin de pourvoir au remplacement des F-16 belges. Un dossier qui empêche Charles Michel et le MR de dormir, car les libéraux francophones jugent alléchante la proposition française, pourtant faite au mépris de la procédure. Au gouvernement, les couteaux sont déjà tirés et les relents communautaires ressortent du frigo.

Ce 14 février, les deux candidats encore en lice pour le remplacement des F-16 belges doivent remettre leur offre finalisée. Une offre qui dépasse largement la simple acquisition et les coûts de fonctionnement des nouveaux chasseurs-bombardiers. Dans un dossier de cette importance, cette vente est assortie d'un important partenariat entre le gouvernement vendeur et la Belgique.

Grand favori pour remporter cet appel d'offres belge: le F-35 du constructeur américain Lockheed Martin qui semble avoir pris le dessus sur le Typhoon, proposé par un consortium à forte coloration britannique.

Le problème, c'est que les Français ont quelque peu pipé les dés en décidant de se placer en marge de l'appel d'offres et de traiter en direct avec le gouvernement belge, en lui proposant le Rafale (Dassault) et un vaste partenariat militaire et économique, qui pèserait 20 milliards d'euros de compensations sur vingt ans, affirme De Tijd, qui a eu accès au dossier 'parallèle' français.

Mais les Flamands jugent la proposition française "trop belle pour être vraie", comme le disait récemment Steven Vandeput, le ministre N-VA de la Défense. De leur côté, Charles Michel et le MR prêtent une oreille plus que favorable aux Français.

Faut-il faire une croix sur la procédure officielle d'appel d'offres? Dans les milieux politiques francophones, on voudrait privilégier l'option française, au nom de l'Europe de la défense que la Belgique s'est engagée à faire progresser. Acheter des Typhoon britanniques ou des F-35 américains serait incohérent après le Brexit et l'élection de Donald Trump.

Bref, ce dossier embarrasse au plus haut point Charles Michel, coincé entre les pressions amicales d'Emmanuel Macron, les retombées de la proposition française pour l'industrie wallonne et bruxelloise et la perception des Anglais et des Américains au sein de l'opinion publique dans le contexte géopolitque actuel.

Mais si la Belgique met un terme à une procédure qu'elle a elle-même créée, elle risque de se mettre à dos Anglais et Américains qui, jusqu'à preuve du contraire, sont d'importants alliés. Des recours juridiques en cascade et de lourds dédits ne sont pas à exclure.

Le MR et Charles Michel, obnibulés par les retombées économiques de la proposition française sont donc pris entre le marteau et l'enclume. Et au sein du gouvernement, l'intransigeance de la N-VA n'annonce rien de bon. Crash en vue au sein de la coalition?

(LpR/Picture : Belga)

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