Affaire Bayat: la presse belge entre dégoût et fierté
Les éditorialistes des grands titres de la presse belge avaient évidemment tous sorti leur plus belle plume ce matin pour rebondir sur la gigantesque affaire qui secoue depuis hier tout l'édifice du football belge. L'enquête en cours, qui porte sur des soupçons de fraude, de blanchiment et de matches arrangés est une entreprise de nettoyage salutaire, estiment jeudi les éditorialistes belges. "Opération mains propres", "magouilles", "bombe judiciaire"... le vocabulaire utilisé laisse peu de doute quant à la nature du scandale ainsi dévoilé.
Un scandale qui tombe au plus mal pour le football "Made in Belgium" et qui referme la "parenthèse enchantée ouverte par l'épopée russe de nos Diables Rouges" écrit la Dernière Heure. Ce qui a été mis au jour, ce sont des malversations et des pratiques inavouables qui ressemblent à un "système" organisé. Il est "opaque, non régulé, propice à tous les excès et toutes les dérives", écrit Le Soir. "Dans le foot belge, il n'y a qu'une règle, c'est qu'il n'y a pas de règles", souligne le quotidien, qui cite un habitué des rouages de notre football.
Ce dossier explosif jette une bien inquiétante lumière sur les sombres coulisses où évoluent dirigeants de clubs et agents de joueurs, pointe La Libre, qui souligne "les dérives d'un football professionnel devenu un énorme marché mondial où tout, à commencer par les hommes, s'achète, se vend, se négocie". La Dernière Heure, elle, n'hésite pas à parler d'un "système Mogi Bayat". "La justice va s'atteler à dépatouiller ce panier de crabes.", écrit la DH
"Au milieu de tout ce jeu détestable, le public naïf des fans qui croient encore, envers et contre tout, à la beauté du sport et demeure prêt à payer (cher) pour applaudir les stars du ballon rond", se désole La Libre, qui pointe aussi les responsabilités de la communauté des journalistes : "Un public dont nous faisons partie, nous qui sommes trop souvent enclins à fermer les yeux sur des dérives pourtant insupportables." Tous sont unanimes pour espérer que le salut viendra des investigations tentaculaires menées par l'équipe chargée de l'enquête.
Une enquête qui s'annonce longue et difficile mais qui est saluée par L'Echo : "Soyons fiers de ces enquêteurs, de ces magistrats qui - avec des salaires de misère - luttent contre la corruption qui assassine ce grand sport populaire. On a suffisamment tapé sur la tête du parquet fédéral ces dernières années - entre autres au moment des attentats de Bruxelles - que pour reconnaître aujourd'hui que ces gens effectuent un travail remarquable."
(LpR/Picture : Belga)