L'étrange poison utilisé par les Russes contre leur ex-espion
Dix jours après l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Yulia à Salisbury, l'enquête s'accélère au Royaume-Uni. Lundi, Theresa May, la Première ministre anglaise, avait accusé les Russes d'avoir utilisé une substance de "qualité militaire". Plusieurs sources indiquent aujourd'hui que ce poison serait du Novichok, un produit chimique très rare et extrêmement dévastateur.
"On peut le trouver sous forme de gaz mais aussi sous forme de poudre. Il serait fabriqué de manière binaire, autrement dit, on mélange des ingrédients qui sont pas ou peu toxiques séparément", révèle Andreï Kozovoï, spécialiste de la Russie, interrogé par RTL France. Mais une fois les deux substances mélangées, on obtient un poison dont les effets seraient incurables, puisqu'aucun antidote n'est connu à ce jour.
"Cette toxicité extrême n'est pas bien comprise, donc je peux m'imaginer pourquoi on a demandé aux gens de laver leurs vêtements, même s'il n'y avait que quelques traces dessus", explique un expert en armes chimiques dans les colonnes du Guardian.
Le Novichok, un agent innervant, a été inventé dans les années 1970, durant la Guerre froide. "Il a été créé dans un laboratoire de Moscou mais a aussi été développé dans une des républiques, au Kazakhstan", précise Andreï Kozovoï, qui assure que "seuls les Russes sont capables de le fabriquer, seuls les Russes ont le laboratoire qui le permette". Le but des Russes? Disposer d'un agent encore plus puissant que le VX, le produit chimique foudroyant et mondialement connu qui a été utilisé dans l'assassinat du demi-frère de Kim Jong-un.
Les agents innervants sont une classe d'éléments organiques contenant du phosphore. Ils inhibent une enzyme des organismes vivants et sont utilisés en tant qu'insecticide ou comme arme chimique. L'empoisonnement par ces agents a pour effet la contraction des pupilles, une forte salivation, des convulsions et enfin une perte de contrôle du système nerveux, entraînant miction et défécation involontaires puis la mort par asphyxie, les muscles respiratoires n'étant plus contrôlés.
La contamination peut avoir lieu par simple contact avec la peau. Il est donc nécessaire pour se protéger d'être couvert entièrement et de porter un masque à gaz.
(LpR/Picture : Pixabay)