Qui était la très controversée Winnie Mandela?
Winnie Mandela, 81 ans, s'est éteinte lundi des suites d'une longue maladie. A lire les reactions à son décès, venues du monde entier, on mesure à quel point l'ex-épouse de Nelson Mandela, le chantre de la lutte contre l'apartheid, était une véritable héroïne dans son pays mais aussi une personnalité parfois très controversée.
Née Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela, elle s'est -pour les uns- distinguée toute sa vie comme l'incarnation-même du courage militant alors que -pour les autres-, "elle a été la corruption incarnée, le racisme incarné, la violence sociale incarnée, le populisme, elle était intouchable", comme n'a pas hésité à l'affirmer le journaliste Vincent Hervouet, dans la matinale d'Europe 1, ce mardi.
Mais entre vénération et démolition, où est la vérité historique? Dans un documentaire diffusé par la chaîne Arte, logiquement baptisé "Winnie", on devine les incessantes maoeuvres de déstabilisation à son encontre, pilotées tant par le régime blanc que par des membres de l'ANC. Ayant souvent défendu une voix moins "pacifiste" que celle de Mandela, Winnie Mandela dérange. Et devient une cible. "Les Afrikaners et les leaders noirs étaient d'accord sur ce que devrait être une femme : juste bonne à rester à la maison. Winnie ne s'y est jamais conformée. Elle était incontrôlable, et cela a été puni", argumente la réalisatrice britannique Pascale Lamche.
Le prix Nobel de la paix Desmond Tutu a, lui, salué la mémoire d'un "symbole majeur" du combat contre le régime ségrégationniste. Une femme qui "a refusé de céder face à l'incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par les forces de sécurité. Son attitude de défi m'a profondément inspiré, ainsi que des générations de militants", a souligné Mr Tutu.
Reste que pour de nombreux Sud-africains, Winnie Mandela incarne avant tout la "mère de la nation". Celle qui, pendant des dizaines d'années, lorsque les dirigeants de l'ANC étaient emprisonnés ou en exil, a repris le lourd flambeau de la lutte. Dénigrée par l'élite noire, critiquée par des intellectuels européens, sa mémoire ne s'effacera pas de sitôt dans les ruelles des townships. Et bientôt, les historiens vont pouvoir commencer leur travail...
(LpR/ Picture : Belga)