Qui veut la peau de Mogi Bayat?
Mogi Bayat, interpellé hier matin de façon plus que musclée à son domicile, est un personnage clivant. Certains le détestent, d'autres ne peuvent tout simplement pas se passer de lui et de ses réseaux. Au centre de toutes les conversations depuis le déclenchement de ce qui s'annonce comme un tsunami, Bayat est-il le bouc émissaire d'un sytème ou son véritable instigateur?
En contrepoint de cette interrogation, de nombreux observateurs se demandent pourquoi cette affaire a soudainement éclaté lundi.
Qui a incité la justice à agir? Tous ceux qui connaissent un peu le monde du football (et il y a beaucoup d'hommes politiques dans les conseils d'administration des clubs) savent que le blanchiment d'argent, les montages financiers douteux, les rétro-commissions et l'argent - souvent noir- sont des pratiques courantes dans le milieu.
Alors, qui veut aujourd'hui la peau de Mogi Bayat? Qui a intérêt a faire s'écrouler l'édifice du football belge où les Bayat, Verhaeghe et consorts font la pluie et le beau temps? Car une telle enquête n'est pas née de la soudaine soudaine inspiration d'un juge. Bref, qui a allumé la mèche? Plusieurs hypothèses circulent.
Première piste, la plainte déposée par Westerlo à l'encontre de Mogi Bayat pour match truqué peut-elle être à l'origine de l'affaire qui ébranle aujourd'hui le football belge? Lors de la dernière journée de la phase classique du dernier championnat, le club campinois avait très mal encaissé la victoire-surprise mouscronnoise à Courtrai, qui le condamnait à la relégation. Détail troublant, plusieurs joueurs de Courtrai et de Mouscron faisaient partie du portefeuille Mogi Bayat. Cette plainte et l'enquête qui a suivi ont-elles titillé la curiosité du juge?
Autre hypothèse sur l'origine de la "chute" de l'agent le plus influent du pays: la découverte de quelques cadavres dans les tiroirs d'Anderlecht lors de l'arrivée de Marc Coucke au Vanden Stock. Rappelons que le nouveau président d'Anderlecht avait fait un solide ménage dans l'organigramme du club. Et que plus aucun transfert entrant impliquant Mogi Bayat n'avait été réalisé par les Mauves lors du dernier mercato estival, le club bruxellois se contentant de "travailler" avec lui pour se débarrasser de Kara et de Teodorczyk. Coucke a-t-il voulu frapper un grand coup et nettoyer ses placards tout en se débarrassant des casseroles de ce partenaire encombrant? L'interpellation d'Herman Van Holsbeeck, homme à tout faire du club pendant des années, peut venir conforter cette théorie.
Dernière piste: Paul Gheysens, l'influent patron de l'Antwerp et de Ghelamco, candidat malheureux au rachat du RSCA Anderlecht, empêtré dans une série de conflits avec les hautes sphères du football et de la politique (dossier du stade national) a-t-il voulu provoquer une forme de chaos pour ré-équilibrer les forces en présence au sommet de l'Union Belge. Certains le pensent tout bas...
On l'aura compris: pour savoir qui a voulu faire tomber Mogi Bayat, il faut sans doute se demander à qui profite (l'enquête sur) le crime...
(LpR avec Dupk/Picture : Belga)