Victime du 22 mars, elle n'a pas quitté l'hôpital depuis 2 ans
Alors que la Belgique s’apprête à rendre hommage aux victimes des attentats qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés, Karen Northshield est la dernière victime toujours hospitalisée.
Nous sommes le 22 mars 2016. Karen Northshield arrive dans la zone de check-in à l'aéroport de Zaventem. Elle a un avion à prendre pour rejoindre sa grand-mère aux Etats-Unis. Cinq minutes après son arrivée devant les comptoirs, à 7h58, la première bombe déclenché par les terroristes explose. Grièvement blessée à la hanche, la jambe et l'abdomen, elle est transportée par un inconnu hors du bâtiment de l'aéroport. Elle est prise en charge par les services de secours une heure plus tard. Emmenée à l'Hôpital Erasme, elle fait trois arrêts cardiaques consécutifs. Sa vie ne tient qu'à un fil...
Depuis ce jour funeste, après 79 jours aux soins intensifs et une vingtaine d'opérations, Karen Northshield n'a jamais quitte l'hôpital. A 31 ans, elle s'inquiète pour son avenir et attend, comme tant d'autres, une compensation du gouvernement.
Karen a perdu l'usage de sa jambe gauche et elle est devenu quasi sourde à cause de l'explosion. Privée d'estomac, elle ne peut plus se nourrir normalement, ce qui rallonge encore sa revalidation. Elle a passé ces douze derniers mois allongée dans son lit d'hôpital. Alors qu'elle pesait 60 kilos avant le drame, elle est descendue jusque 38 kilos vant de remonter récemment à 45 kilos.
"Je n'ai qu'une envie, c'est de pouvoir me lever le matin, de prendre une douche, de manger correctement, reprendre ma vie, sortir, voir des gens,… Mais étant donné que je suis dans une pièce 24h sur 24, c'est comme une sorte de prison". Et si elle garde espoir de pouvoir reprendre le cours d'une vie à peu près normale, Karen se retrouve face à de lourdes questions matérielles car actuellement "la loi belge, ne permet pas une compensation sur une longue durée".
Et pourtant, elle risque de garder à vie les séquelles de l'attentat . Mais "le montant unique proposé par l'assurance de l'aéroport est grossièrement insuffisant", explique-t-elle. Sans salaire, sans travail, sans ressources, elle sortira un jour de l'hôpital et devra faire face à des frais importants pour la suite de sa revalidation. "Et là j'aurai besoin d'un financement pour vivre. Ce n'est pas normal que je doive payer ces frais-là. C'est au gouvernement de me compenser, c'est leur responsabilité maintenant".
Le 24 février, le conseil des ministres adoptait un projet de loi qui prévoit la création d'un statut de solidarité nationale, l'octroi d'une pension de dédommagement et le remboursement des soins médicaux suite à des actes de terrorisme.
"Je faisais de la natation de haut niveau. Ensuite, je suis devenue coach sportif. Du matin au soir, j'entrainais et je m'entrainais", se souvient-elle. Deux ans plus tard, Karen, garde l'espoir et s'accroche à des chose simples: tenir debout, marcher à nouveau, reprendre une vie normale. Le reste, c'est du recours des assurances et des politiques.
Mais depuis deux ans, les politiques et les assurances se sont montré beaucoup moins courageux que Karen...
(LpR/Picture : Belga)