Yannick Ferrera à contre-emploi?
Et voilà! C'est arrivé! Le Standard est lanterne rouge de la Jupiler Pro League. Non pas après trois ou quatre journées, mais après onze journées. Onze, un chiffre qui pèse dans le foot. Et qui ne peut être ignoré d'un simple haussement d'épaules en se disant que cela ira mieux demain. Car plus rien ne va à Sclessin. Les chiffres l'attestent. Trois T1 se sont déjà succédés. Slavoljub Muslin a été viré après un 7/15, Eric Deflandre a tenu 90 minutes, le temps d'une débâcle 7-1 à Bruges. Et Yannick Ferrera en est pour l'instant à 1/15. Homme de système comme Muslin, l'ex-entraineur de Charleroi et de St-Trond est un brillant stratège, un fin tacticien qui est arrivé avec ses méthodes et ses théories auxquelles les joueurs sont priés de se soumettre. Mais il est arrivé en cours de saison à Sclessin, précédé d'une réputation de prof de philo, voire même pour les méchantes langues, de conseiller laïque qu'on envoie au chevet d'un mourant. Là où il aurait fallu sans doute un médecin désabusé (genre Trond Sollied), un chirurgien expérimenté (genre Christoph Daum), ou, en désespoir de cause, un magicien (genre Diego Simeone, mais les magiciens sont hors de prix). Erreur de casting? Hier, et sans doute durant toute la semaine, le jeune coach bruxellois a joué à contre-emploi. Il a haussé le ton, il a pointé du doigt ses joueurs, il en a tancé et tarabusté quelques-uns (la tête de Van Damme, capitaine déchu, assis pendant le match dépité à l'écart du banc était on ne peut plus éloquente) . Et il en a vexé d'autres en espérant probablement provoquer une révolte pour apporter un peu de niaque et de jus dans les rouages de son animation de jeu. Mais au lieu d'une sédition contre Westerlo, les joueurs (à l'exception du novice Tetteh) ont, au pire, donné l'impression de faire grève, au mieux, d'être névrosés et en mal de repères. En secouant le cocotier, Yannick Ferrera s'est pris une grosse noix sur la tête. Et se retrouve aujourd'hui avec une migraine carabinée et un sentiment d'impuissance. "Nous mettons tout en œuvre pour modifier les choses mais, une fois que la guigne s'immisce dans votre vie, il est très difficile de la faire fuir" a laché le jeune mentor bruxellois en conférence de presse. Un propos qui n'incite pas à l'optimisme dans le contexte actuel au Standard, avec une direction qui a encore moins d'expérience de gestion d'un club de football que son entraineur n'en a d'une gestion urgentiste de crise. (Dupk/Picture : Belga)