Né un 6 septembre : Roger Waters (Pink Floyd), désormais en eaux troubles
Né dans le Surrey (Angleterre) en 1943, l’ex bassiste de Pink Floyd provoque aujourd’hui autant de remous pour ses prises de position politiques que pour sa musique
Aux yeux de ses laudateurs, Roger Waters s’apparente à un dieu vivant. Avec son comparse, le guitariste David Gilmour avec lequel il est aujourd’hui à couteaux tirés, il a en grande partie façonné quelques-uns des monuments de la musique moderne. Qu’il s’agisse des premiers albums plus expérimentaux comme "A Saucerful Of Secrets" (1969) et "Ummagumma" (1969) ou des immenses succès populaires que sont toujours "The Dark Side Of The Moon" (1973), "Animals" (1977) ou encore le conceptuel "The Wall" (1979), les enregistrements de Pink Floyd brillent toujours en lettres de feu au panthéon du rock.
Aux yeux de ses contempteurs par contre, il n’est plus qu’un vieillard sénile épris de théories complotistes, notoire antivax (en ce qui concerne le covid 19 en tout cas) voire même antisémite. Vous voulez des exemples ?
Si on ne peut reprocher au musicien de prendre depuis des lustres fait et cause pour le peuple palestinien (sans pour autant valider les méthodes du Hamas), il était pour le moins inconvenant de monter sur scène, le 17 mai 2023 à Berlin, affublé d’un uniforme rappelant sans équivoque la SS d’Adolf Hitler. Enquête à même été ouverte pour soupçons d’incitation à la haine. Comme à son habitude, afin de se dédouaner, il a utilisé un discours que ne renierait ni Donald Trump, ni Elon Musk. "Mon récent concert à Berlin a généré des attaques de mauvaise foi de la part de ceux qui veulent me réduire au silence car ils sont en désaccord avec mes opinions politiques" déclarait-il dans la foulée sur ses réseaux. Un de ses plus ardents défenseurs dans cette affaire aura été Robert Kennedy Jr, le mouton noir de la famille du président assassiné qui vient -surprise !- de faire allégeance à Trump. Tout se tient…
Invité (par Moscou) à s’exprimer à la tribune des Nations-Unies le 8 février 2023, il a certes condamné l’agression de Poutine comme étant "illégale" en arguant néanmoins du fait que celle-ci avait été "provoquée" par l’Occident. Il avalisait ainsi le néo-colonialisme sanguinaire du maître du Kremlin. Son ancien compagnon David Gilmour (devenu une sorte de traître aux yeux de Waters) a lui préféré raviver une dernière fois la flamme de Pink Floyd. En rassemblant autour de lui Nick Mason (batteur historique du groupe anglais, Guy Pratt (basse) et Nitin Swahney (piano), il a confié le micro à Andriy Khlyvnyuk du groupe ukrainien Boombox pour l’émouvant "Hey Hey Rise Up" défendant clairement l’agressé et sans chercher d’excuses frivoles à l’agresseur. Un point pour Gilmour, donc !
Au final, Waters a enchaîné un tel chapelet d’âneries depuis quelques années que même son éditeur BMG (filiale de Sony) a préféré couper les ponts avec lui, selon le magazine professionnel américain Variety. Résultat, selon lui et à mots à peine voilés, de la pression du lobby juif et plus précisément de l’Anti-Defamation League, une association américaine fondée en 1913. Rien que ça !
Tant musicalement que scéniquement, il faut cependant reconnaître en toute objectivité que "This Is Not A Drill", la tournée mondiale en 2023 du papy grognon, a plutôt tenu ses promesses malgré quelques outrances visuelles. Comme quoi Roger Waters ferait bien de réfléchir à deux fois et de peser ses mots avant de s’exprimer sans nuances sur des sujets délicats.
(AK - Photo : Etienne Tordoir)
Photo : Roger Waters sur la plaine de Werchter en juin 1984 après la sortie de son album The Pros And Cons Of Hitch Hiking (© Etienne Tordoir)