Gaza : les maladies tueront plus que les bombardements
Pour les habitants de Gaza, le danger ne vient pas uniquement des bombardements meurtriers quotidiens, mais aussi d'une crise sanitaire sans précédent, qui fait déjà des ravages.
La population gazaouite est confrontée à une combinaison dévastatrice: rareté de l'eau potable, pénurie alimentaire et conditions insalubres dans lesquelles des centaines de milliers de personnes s'entassent, notamment dans des camps dépourvus de toilettes fonctionnelles, d'évacuation des eaux et d'électricité.
Dans le pire des scénarios, un quart de la population pourrait succomber aux maladies dans l'année à venir si des mesures ne sont pas prises pour enrayer la prolifération de ces menaces.
La gravité de la situation est exacerbée par la précarité des infrastructures médicales, par l'insuffisance riante d'équipements médicaux et par des conditions de vie précaires. Les premiers signes de cette crise sanitaire sont déjà apparents, avec un taux de diarrhées chez les enfants atteignant 100 fois les niveaux jugés sécuritaires, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces diarrhées, liées à une eau contaminée et à un manque d'accès à des liquides pour la réhydratation, sont la deuxième cause de décès d'enfants dans le monde.
L'OMS alerte également sur le risque imminent d'une éclosion incontrôlée de cas de varicelle, ainsi que sur l'augmentation prévisible des infections des voies respiratoires dans des lieux surpeuplés. Médecins Sans Frontières souligne le danger de l'apparition du choléra, compte tenu de la consommation d'eau contaminée par de nombreux habitants. Au total, l'OMS recense quatorze maladies présentant un potentiel épidémique dans cette région.
Le système de santé de Gaza est au bord de l'effondrement, comme l'a souligné le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avec seulement 14 des 36 hôpitaux encore fonctionnels. Des cas de méningite et de jaunisse ont été signalés chez les enfants. La coordonnatrice des Nations unies aux affaires humanitaires pour les territoires palestiniens, Lynn Hastings, a déclaré que la situation créait une "recette parfaite pour des épidémies et un désastre de santé publique".
Des experts, dont la professeure Devi Sridhar de l'Université d'Edimbourg, ont averti que, selon des analyses antérieures, les taux de mortalité chez les personnes réfugiées en raison d'un conflit étaient 60 fois plus élevés que les taux de mortalité au début du conflit. Si cette tendance s'appliquait à Gaza, jusqu'à un quart de ses deux millions d'habitants pourraient décéder dans l'année à venir.
L'UNICEF a ajouté à ces constats alarmants un taux élevé de malnutrition, avec environ 90% des enfants de moins de deux ans ne consommant que deux groupes alimentaires ou moins. Ce cercle vicieux, où une malnutrition sévère rend la population plus vulnérable aux infections, menace davantage la santé de la population. La situation est qualifiée de "conflit sans précédent" par des experts en santé publique, soulignant l'urgence d'une action humanitaire.
(LpR - Source : Agence Science Presse/Picture : Emad El Byed via Unsplash)