Vague de révoltes: les influenceurs russes se retournent contre Poutine
En Russie, plusieurs “milbloggers”, des blogueurs militaires comptabilisant des millions d’abonnés, se retournent contre le Kremlin.
Alors que le concept de milblogger, contraction de “militaire” et “blogueur”, est apparu au début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec la montée en puissance de blogueurs russes en faveur de la guerre, il semblerait que le vent soit occupé à tourner.
C’est l’Institut américain pour la paix (USIP) qui souligne cette nouvelle tendance : les milbloggers se montrent de plus en plus critiques envers le commandement en chef. "La couverture de la guerre par les blogueurs militaires s’est écartée des récits officiels lorsque les forces russes ont été confrontées à une série de revers humiliants et que les déformations officielles se sont accumulées", a précisé l’institution gouvernementale américaine.
Quelques noms
En septembre 2023, le blogueur russe Alexandre Nozdrinov a été condamné à plus de 8 ans de prison. Il avait été accusé de diffuser de fausses informations et de critiquer l’“opération spéciale” de Poutine. La même année, Semyon Pegov, un autre blogueur militaire, s’en était pris au ministère de la Défense russe en le soupçonnant de "tenter ouvertement d’esquiver la responsabilité" de la défaite de Makiivka, une attaque qui avait causé la mort d’une soixantaine de soldats du Kremlin. Boris Rozhin, sous le pseudonyme "Colonnel Cassad", avait, quant à lui, accusé les autorités "d’incompétence et d’incapacité à comprendre les conséquences de la guerre".
En Russie, la propagation d’informations mensongères relatives aux forces armées a été définie en droit russe en février 2022 et est passible d’une lourde peine de prison. Il est strictement interdit de parler d’“invasion” ou de “guerre” pour désigner l’offensive russe.
Aujourd'hui, Moscou change de stratégie face à ce flot de critiques et préfère la “cooptation” à la condamnation.
(Manon Pierre - Source : La Dépêche - Picture : The Presidential Press and Information Office via Wikicommons under license Creative Commons CC BY 4.0)