Victimes du 22 mars: des rapports psychiatriques accablants
La Dernière Heure a eu accès à des rapports d'expertise psychiatriques démontrant que certaines victimes, qui s'en sont pourtant sorties sans dommages corporels, arrivent difficilement à passer au dessus du traumatisme et à reprendre le cours normal de leur vie.
"Idées noires, état dépressif sévère. Nous ne notons aucune amélioration", pointe notamment le dossier de Michaël, 42 ans, un employé de Brussels Airport qui a échappé aux explosions. Coincé dans un local situé dans le hall des départs, Michaël, entouré des les fumées et des odeurs de brûlé, s'en est sorti sans blessures. Mais il a vécu le cauchemar des corps gisant sur le sol et des cris.
Depuis le drame, Michaël a rencontré 7 neuropsychiatres. Tous soulignent "sa grande volonté de s'en sortir". Malgré sa détermination et l'envie de reprendre une vie normale, Michaël n'a toujours pas repris le chemin du travail. En cause un "état de stress post-traumatique avec ampleur anxio-dépressive sévère."
Après plusieurs rapports qui se sont succédés de septembre 2016 à juin 2018, le temps n'a pas encore fait son oeuvre et la situation ne semble pas progresser pour la victime. Le dernier rapport psychiatrique est même alarmant: "État dépressif majeur avec idées noires, sentiment d'hermétisme de l'avenir, émoussement affectif. Tendance à l'isolement social. Perte de l'estime de soi. Évitement phobique des transports en commun tels métros et trams. Une prise de poids de 27 kg est signalée. Sentiment d'amertume vis-à-vis à des événements en rapport avec les actes de terrorisme. Les échelles d'anxiété et de dépression totalisent 26 points, ce qui correspond à un état dépressif et d'anxiété d'intensité sévère."
"Conclusion : état dépressif post-traumatique avec régression de la personnalité, cristallisation anxieuse et agoraphobie." Du côté administratif, Michaël a été pris en charge par les assurances pendant dix-huit mois. Maintenant que cette aide est terminée, il vit avec les indemnités de la mutuelle.
Le psychiatre Noury Mrabet, expert auprès des tribunaux, révèle toujours encore traiter des victimes des attentats de Bruxelles. Ne s'exprimant sur des cas particuliers, il indique : "Tout dépend du vécu de chacun. Les difficultés administratives qui sont faites, la non-reconnaissance de leur état de victime, le sentiment d'être discriminés, sont autant de facteurs aggravants."
(FvE - Source: La Dernière Heure - Illustration Picture: Pixabay)