Télétravail : comment trouver le bon dosage?
Marginal il y encore deux ans, le télétravail poursuit son développement et ce, malgré la levée des mesures sanitaires. Début juin, plusieurs études relayaient l’avis de spécialistes sur cette nouvelle habitude professionnelle. Focus sur les acquis positifs et les aspects négatifs de cette pratique qui signe un profond changement dans le monde du travail…
Augmentant de manière exponentielle ces 15 derniers mois avec l’introduction de mesures pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, le télétravail connaît une nouvelle popularité. La crise a amené 40 à 60% des Belges à télétravailler. Et contre toute attente, nos compatriotes ne sont pas lassés du télétravail.
Des retours positifs
Travailler à la maison s’est définitivement ancré dans les habitudes. Tant les employeurs que les collaborateurs sont convaincus des avantages de ce nouveau mode de travail mis en place, parfois dans l’urgence, dans certaines entreprises. Petit tour de piste des bénéfices :
Pour les travailleurs :
- gain de temps ;
- flexibilité des horaires ;
- diminution du stress ;
- augmentation de la motivation ;
- gain d’autonomie ;
- accroissement de la compétitivité ;
- diversifications des tâches (travail dans la maison, travail bénévole, tâches parentales).
Pour les employeurs :
- diminution de l’absentéisme et des retards ;
- réduction des frais généraux et des dépenses (pas de frais de transport pour l'employeur, moins de frais pour l'aménagement de locaux,…) ;
- augmentation de la flexibilité des ressources humaines ;
- meilleure gestion des déménagements et des transferts d'activité.
Plus de 80% des Belges souhaitent télétravailler plusieurs jours par semaine
Si l’on en croit une enquête du bureau de conseil BDO, menée en mai 2021 et dévoilée début juin, auprès d'une échantillon d’environ 1.600 personnes, 84% des travailleurs belges souhaiteraient continuer à travailler à domicile minimum deux jours par semaine. Un solide avancée qui représente une hausse de 19% par rapport au début de la pandémie.
Par contre, deux arguments plaident toujours en faveur du maintient d’un certain nombre de jours de travail au bureau : les contacts sociaux et le travail d'équipe.
Trop de télétravail nuit au télétravail
Si le télétravail offre beaucoup d’avantages, en revanche, un excès de télétravail diminue ses effets bénéfiques, met en garde une étude de l’Ires, l’Institut d’études économiques et sociales de l’UCLouvain. Cette étude met en lumière l’analyse d’une équipe de 3 scientifiques : une psychologue du travail de l’ULiège, un économiste et un professeur de management de l’UCLouvain.
Premier constat posé par ces chercheurs : au-delà de deux jours de télétravail par semaine - ou de 50% du temps de travail - l’incidence positive sur la productivité diminue.
Autre risque épinglé par l’étude : la dévitalisation des centres urbains et d’affaires. A terme, le développement du télétravail pourrait transformer la consommation d’espaces de bureau et domestique. Les emplois gravitants autour des centres d’affaires (snacks, libraires, etc.) pourraient payer la note de cette évolution.
“Les politiques publiques doivent d’urgence proposer des solutions de mobilité afin de faciliter l’accès aux centres urbains (…) et juguler une potentielle désertion (…) des quartiers d’affaire, la mobilité étant le premier facteur de choix pour le télétravail ”pointent en substance les chercheurs.
Inconfort
Plébiscité par une grande part des travailleurs et implanté durablement dans les nouvelles habitudes professionnelles, le télétravail tend à devenir plus structurel. Pour une majorité des personnes, il s'agira de 1 à 2 jours de télétravail par semaine.
Si le télétravail procure beaucoup de satisfactions, travailler de chez soi peut aussi provoquer de l’inconfort (ergonomie, conflit privé-professionnel, ambivalence des attentes,…).
Les experts encouragent dès lors les employeurs à formaliser la possibilité de télétravail et à permettre à leurs salariés d’être dans de bonnes conditions de travail à domicile.
Pas de doute, si le télétravail a été mis en place sous la contrainte sanitaire, il a fortement changé les habitudes. Bien que le pas ait été très difficile à franchir pour certaines entreprises qui ont dû mettre au point des procédures, les réticences ont fortement baissé. Patrons et collaborateurs y voient désormais une nouvelle manière de vivre le travail sur une base partielle et librement consentie.
(Fabienne van Elmbt - Source : L'Echo - Illustration : Pixabay/maitematas)
* Ce contenu, créé par la rédaction de Tagtik, est paru dans sa version originale sur le site de Fiscal Team