La 5G, mauvaises ondes pour notre santé?
Le déploiement prochain de la 5G à Bruxelles, qui devrait ensuite s'étendre à d'autres villes du pays, représente-t-il un danger pour notre santé?
C'est la question pertinente que soulève Paul Lannoye, président du Grappe (Groupe de réflexion et d’action pour une politique écologique), qui a transmis une lettre ouverte à ce propos aux présidents de partis et à celui du Conseil supérieur de la santé (CSS).
M. Lannoye se dit "préoccupé de longue date par la problématique de la pollution électromagnétique et de ses conséquences sur le vivant, en particulier sur les êtres humains", un sujet qui revient sur le devant de la scène avec la possible généralisation de l'internet hyper rapide.
Mais qu'en est-il des risques pour notre santé? "Le déploiement de la 5G implique une exposition accrue aux rayonnements de micro-ondes et, ce qui est plus préoccupant encore, aux rayonnements dans la gamme des ondes millimétriques, à des niveaux élevés, vu la prolifération des antennes nécessitée par cette technologie. Les connaissances quant à l’impact des ondes millimétriques sont loin d’être suffisantes à ce jour pour soutenir que leur utilisation pour la 5G est dénuée de risques pour la santé humaine", argumente l'ancien député européen.
En écho à plusieurs études, M. Lannoye rappelle qu’en septembre 2017, plus de 170 scientifiques et médecins issus de 37 pays ont demandé à l’UE de suspendre tout déploiement de la 5G jusqu’à ce que les preuves que cette technologie ne présente aucun danger aient été apportées. Ne faut-il pas s'en tenir à un principe de précaution pour les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes, se demandent ses experts?
En avril 2018, d'autres experts (ceux de l'ISDE, International Society of Doctors for Environment) critiquaient "l’expérimentation, décidée au niveau européen, qui consiste à tester dans de nombreuses villes d’Europe (dont Bruxelles) le réseau 5G à des fréquences supérieures à 6 GHz, avant l’introduction des fréquences typiques de la 5G, supérieures à 30 GHz (ondes millimétriques)."
Pour Jacques Vanderstraeten, spécialiste de ces matières à l’École de santé publique de l’ULB et membre du Conseil supérieur de la santé, "la préoccupation de Paul Lannoye paraît justifiée. Il y aurait effectivement lieu de tenir compte des données publiées ces dernières années et qui incitent à la prudence," explique-t-il.
C'est d'autant plus vrai que, dans les plus hautes fréquences de la 5G, les ondes auraient un pouvoir de pénétration beaucoup plus faible et que l’énergie absorbée par la peau serait ainsi plus concentrée en surface.
Cela représente-t-il un risque pour la santé ? "On n’en sait encore trop rien. (...) Certains disent même que, au contraire, comme cela ne pénètre plus qu’à raison de 1 ou 2 mm sous la peau, il y aurait donc moins de risques potentiels. Le débat est ouvert, " précise prudemment M. Vanderstraeten.
Et qu'en est-il de la nouvelle génération d'antennes intelligentes qui devraient accompagner le déploiement de la 5G ? "Avec ces antennes intelligentes, les premiers concernés par les risques éventuels seront les utilisateurs et non les personnes vivant à proximité des antennes", nuance le spécialiste . "Ces antennes vont donc cibler l’utilisateur davantage que la population générale."
(LpR avec La Libre/Picture : Dmitri Popov on Unsplash)