Cortèges nuptiaux: la tradition plus forte que le civisme?
Les cortèges de mariage entravant dangereusement la circulation sont revenus à la une de l'actualité le week-end dernier. En effet, ce dimanche, la police de Bruxelles a eu la main lourde dans le centre de la capitale pour un cortège nuptial qui perturbait la circulation. Une dizaine de véhicules ont été interceptés et leurs conducteurs ont été verbalisés. Au total, pas moins de 28 procès-verbaux ont été dressés.
Précédemment, Vias (ex-IBSR), avait souligné que, dans le cadre de cortèges nuptiaux, certains conducteurs se rendaient coupables de manoeuvres dangereuses: entrave à la circulation, arrêt dangereux sur l'autoroute, absence de port de la ceinture de sécurité, usage intempestif du klaxon, dépassement par la bande d'urgence, sont autant de comportements qui mettent en danger la vie des fêtards et des autres usagers.
Ce dimanche, la police a aussi reçu plusieurs plaintes de riverains et automobilistes excédés par les nuisances provoquées, révèle La Dernière Heure.
La porte-parole de la zone de police Bruxelles Capitale Ixelles explique au quotidien: "Une fois sur place, nous avons relevé des infractions à hauteur de la très fréquentée avenue Van Praet, près de la Tour Japonaise. Les mariés empruntent cet axe car le parc de Laeken situé à côté est propice pour y prendre des photos. On les a verbalisés car ils ont obstrué la voie de circulation sans autorisation. Le cortège était constitué en colonne et ses membres ont brûlé des feux rouges, téléphonaient en conduisant, étaient assis sur les fenêtres sans ceinture ou empruntaient des îlots directionnels dans le mauvais sens, mettant ainsi en danger les autres conducteurs."
Du côté des communautés turques et musulmanes, on prône l'indulgence et la compréhension.
Un diplomate turc qui tient à rester anonyme plaide pour cette pratique qui remonterait à il y a 20 ou 30 ans: "Les invités au mariage participent au cortège et la tradition prévoit qu'à un moment, la voiture des mariés est arrêtée par un jeune âgé de 15 à 18 ans qui va demander un pourboire. C'est un jeune qui se charge de cette pratique afin de perpétuer la tradition (...) Je comprends que l'on puisse trouver ça dangereux mais la circulation est bloquée maximum 5 minutes, pas plus".
Du côté de l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), Isabelle Praille, ex-vice présidente commente: "Ces cortèges sont une adaptation de pratiques culturelles en vigueur dans les pays d'origine mais qui ne se font pas exclusivement au sein de la communauté musulmane. En tant que musulman, il faut prendre en compte le respect du civisme et du vivre ensemble. C'est important de ne pas perturber l'ordre public et de respecter le voisinage. D'un autre côté, il ne faut pas être dans la démesure et respecter le droit des personnes à pratiquer leur cérémonie culturelle. Il faut faire des efforts de part et d'autre", indique-t-elle.
Entre tradition et civisme, Vias a tranché: "Les usagers doivent se comporter sur la voie publique de manière telle qu'ils ne causent aucune gêne ou danger pour les autres usagers", conclut Benoît Godart, le porte-parole de Vias.
(FvE & LpR / Source: La Dernière Heure - Illustration Picture : Pixabay)