Les mystères de Pétra enfin percés?
Tous ceux qui ont eu la chance de visiter le mystérieux site de Petra, en plein désert jordanien, se sont posés la même question: comment une civilisation aussi brillante a-t-elle pu se développer dans un milieu aussi hostile et aride? Un coin du voile vient sans doute d'être levé...
Réputée dans le monde entier et visitée chaque année par des millions de touristes pour ses immenses tombeaux creusés dans la roche, la cité nabatéenne de Pétra, vieille d’environ 2000 ans, séduit toujours autant les visiteurs. Taillés dans la falaise, des monuments en forme de façades de pierre comme Al Khazneh, Al Dayr ou Beida sont des incontournables de toute visite touristique en Jordanie.
Le site fascine les archéologues
Mais le site fascine également les archéologues du monde entier, qui continuent de tenter de percer les mystères de la cité, découverte en 1812 par le Suisse Jean-Louis Burckhardt.
Petit à petit, Pétra a livré ses secrets. Mais de nombreux points d'interrogation entourent encore le la civilisation qui a occupé la cité à partir du IVe siècle avant J.-C et jusqu'au IIe siècle de notre ère. Comment fonctionnait la société nabatéenne? De quelles ressources disposait-elle? Comment a-t-elle pu financer des travaux aussi imposants?
Un autre point intrigue particulièrement les scientifiques : la gestion de l’eau par une civilisation aussi ancienne dans un environnement rocheux et aride, qui implique de bonnes connaissances des technologies hydrauliques.
Tour de force
Si l'on sait aujourd'hui que les Nabatéens sont des caravaniers nomades venus d'Arabie, qui se sont progressivement sédentarisés et que Pétra est née au croisement de deux routes commerciales, il a fallu que cette ville soit un haut lieu du commerce, prospérant tranquillement en temps de paix, pour être capable d'envisager des travaux aussi pharaoniques.
Cette richesse d'une partie de la population nabatéenne se retrouve d'ailleurs étalée avec ostentation sur les falaises de grès dans lesquelles ont été taillées des monuments majestueux... et très coûteux. Un véritable tour de force car Pétra est niché au milieu des montagnes dans un environnement désertique particulièrement hostile.
Mais alors, comment la ville a-t-elle pu devenir aussi prospère? "Pétra est un site qui est dans une cuvette, dans un amphithéâtre naturel", précise Laïla Nehmé, spécialiste de la civilisation nabatéenne. Cette cuvette, excellente forteresse naturelle, facilite grandement la récupération des eaux pluviales. Même si les pluies sont rares et tombent uniquement entre novembre à avril, elles peuvent épisodiquement abondantes, comme l'ont rappelé dramatiquement les inondations de novembre 2018.
Un ingénieux système
Les Nabatéens, via un ingénieux système de captation et de stockage l'eau de pluie, savaient tirer parti de ces pluies via un système de canalisations creusées dans la roche, alimentant des centaines de citernes et bassins.
Les archéologues ont retrouvé dans les canyons environnants des traces de l'ingénierie hydraulique qui permettait aux Nabateéns de faire pousser en plein désert des céréales, des fruits, et même du coton, pourtant très gourmand en eau. Grâce à cette maîtrise de leur environnement, les Nabatéens disposaient même d'immenses bassins, des fontaines et de bains.
Les mystères de Pétra et de sa grandeur passée sont enfin partiellement percés...
(FL/Picture : Andrea Leopardi via Unsplash)