Nadejdine exclu des élections: "La Russie est devenue une dictature brutale"
C'était quasiment couru d'avance: le candidat à l'élection présidentielle russe Boris Nadejdine, qui critiquait ouvertement la guerre en Ukraine, n'a pas été autorisé à participer au scrutin, qui aura lieu dans un mois.
La Commission électorale centrale juge en effet que sur les 105 000 signatures présentées pour valider sa candidature, 9 147 sont invalides. Même si Nadejdine ne l'aurait sans doute jamais emporté face au président sortant, Vladimir Poutine, les journaux européens jugent sévèrement cette décision. "Dictature brutale", "sinistre farce", "rituel de soumission", ... les éditorialistes n'ont pas de mots assez durs pour qualifier cette décision.
Pour le quotidien néerlandais NRC Handelsblad, "La façon dont Poutine met en scène sa victoire électorale et rend impossible toute opposition souligne à quel point la Russie est devenue une dictature brutale."
Le scrutin de la mi mars s'apparente-t-il dès lors à une mascarade? "Les élections sont censées conférer au régime (de Poutine) une légitimation pour maintenir le cap actuel. Mais l'habituel spectacle donné en Russie n'a rien à voir avec la démocratie et des élections libres", pointe NRC Handelsblad.
Pour Mark Galeotti dans The Spectator, les derniers oripeaux du pluralisme à la sauce Kremlin viennent de tomber : "Ce qui est intéressant, ce n'est pas que la candidature de Nadejdine ait était bloquée, mais ce que cela dit de l'évolution du 'poutinisme tardif'". ... Dans celui-ci, comme à l'époque soviétique, les rituels civiques n'ont pas pour la population vocation à élire des dirigeants, mais plutôt à exprimer sa soumission."
Pour le média autrichien Kleine Zeitung (Autriche), les jeux sont fait et les élections russes deviennent de facto une formalité. "Poutine, dont le cinquième mandat de président semble déjà être acquis, juge (Nadejdine) visiblement suffisamment dangereux pour l'exclure préventivement de la course. Ne subsistent que trois candidats qui n'ont pas la moindre chance, tandis que les autres prétendants soutiennent directement Poutine ou font profil bas. Cette 'élection' n'est qu'une funeste farce."
(LpR avec Eurotopics/Michael Parulava via Unsplash)