Tensions internationales ! Une nouvelle guerre couve…
La chute de Bachar el-Assad en Syrie déstabilise l’ordre des choses, en particulier pour les milices militaires de la région. Les forces kurdes irritent la Turquie dans une région déjà explosive. Une nouvelle guerre n’est pas impossible.
La commission Nagel est un comité d’évaluation des dépenses militaires du gouvernement israélien. Dans son dernier rapport, ce comité indique que l’Iran ne représenterait plus une grande menace pour l’État hébreu. Par contre, le danger viendrait d’Ankara. La chute du dictateur syrien a déstabilisé un pays aux enjeux géopolitiques essentiels au Moyen Orien. Israël a déjà lancé des frappes préventives pour éviter la concentration de forces pro-iraniennes afin de contrer d’éventuelles opérations sur le sol d’Israël via le Liban. Mais un nouveau paramètre entre en jeu depuis la chute du régime el-Assad : les Kurdes.
Lutte contre l'État islamiste
Le chef des forces kurdes syriennes, Mazloum Abdi, a annoncé ce début janvier 2025 qu’un accord avait été trouvé sur « l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie ». Ses Forces démocratiques syriennes (FDS) ont établi depuis 2011 une sorte d’enclave indépendante du pouvoir de Damas avec une autorité autonome dans le nord-est du pays. Lors du récent bouleversement politique, ils ont notamment combattu les troupes de l’ancien régime. Une situation qui leur a permis de contrôler de nouveaux territoires. De plus, les FDS sont soutenus par les Occidentaux, les États-Unis en tête, dans la lutte contre l’État islamique. Or, cela ne plaît pas forcément à Ankara.
Nostalgie ottomane
En Turquie, il existe une population kurde en quête d’indépendance, majoritaire dans les régions montagneuses du sud-est. Il y a notamment une organisation armée, le PKK qui n’hésite pas à organiser des attentats. Ce qui la place parmi les organisations terroristes aux yeux des Occidentaux. Or, la progression du FSD inquiète le gouvernement turc et le président Recep Tayyip Erdogan. Ils les accusent d’avoir des accointances avec les séparatistes armés et le PKK sur le sol turc. L’armée d’Ankara a déjà mené des raids et des bombardements en Syrie depuis le changement de régime. La tension reste palpable. Ainsi, le président turc a fait une mise en garde le 6 janvier 2025 pour s’opposer à toute répartition du pouvoir contre les intérêts de son pays. Cela démontre, selon l’analyse du comité Nagel, une volonté impérialiste dans le but de reconstruire une zone d’influence correspondant au territoire de l’ancien Empire ottoman. Voilà pourquoi des forces turques opèrent aussi en Lybie ou bien en Azerbaïdjan contre l’Arménie pour le contrôle du Haut-Karabakh.
Préparer la guerre
Au regard de la situation en Syrie et les ambitions de la Turquie, les recommandations de la commission Nagel aux dirigeants d’Israël sont de surveiller la situation en prenant des mesures de protection. D’autant qu’il y a un risque de création d’une coalition de milices pour défendre les intérêts de la Turquie dans la région. Elles pourraient être tentées de reprendre le contrôle des territoires palestiniens via l’envoi « discret » de mercenaires recrutés en Syrie. Ce qui serait considéré comme un affront pour Israël. Et un motif de conflit ouvert. Le rapport préconise en outre la construction d’une barrière le long de la frontière avec la Jordanie, mais surtout un nouvel effort financier annuel de défense à hauteur de 15 milliards de shekels supplémentaires (3,98 milliards €) pendant 5 ans. Pour être prêt à affronter la Turquie et ses éventuels alliés dans la région. La Turquie, pays membre de l’OTAN, faut-il le rappeler…
(Olivier Duquesne – Sources : Le Figaro, 7sur7.be, allisraelnew, Le Soir – Picture : © picture alliance / Anadolu | Israel Defense Forces (IDF) / Handout)