L’histoire tourmentée de cet accessoire automobile
C’est une balade en tram qui est à l’origine d’une invention présente sur toutes les voitures : l’essuie-glace. Et c’est une femme qui en a eu l’idée. Plus tard, l’essuie-glace a été au cœur d’une bataille judiciaire.
En 1902, Mary Anderson, à New York, remarque que le conducteur de son tram new-yorkais a bien du mal à voir à travers sa vitre en pleine averse hivernale. Il doit passer sa tête par la fenêtre, dans le froid et l'humidité, pour pouvoir avancer. Elle a sans doute dû se dire qu’il fallait faire quelque chose aider ce pauvre bougre. En novembre 1903, elle dépose le brevet de l’essuie-glace manuel à manipuler depuis l’habitacle : une petite bande de caoutchouc sur support en bois relié à une manette près du conducteur. Pourtant, il faudra attendre les années 20 pour voir arriver cet accessoire. Pourquoi ? Parce que le brevet de Mary Anderson avait une validité de 17 ans.
Brevet bafoué
Les constructeurs ont attendu… C’est Cadillac qui sera la première marque à dégainer, en 1922. Le constructeur américain en a aussi profité pour motoriser l’essuie-glace. Autre invention féminine, de Charlotte Bridgwood, déposée en 1917 et arrivée à expiration… en 1920 ! En 1921, William Folberth a imaginé un mécanisme automatisant le mouvement de va-et-vient. Une invention d’un homme bizarrement directement adoptée, elle ! En Allemagne, Bosch présente son essuie-glace animé par un moteur électrique en 1926. Dès le milieu des années 40, l’essuie-glace se généralise. La position des commandes évolue pour arriver finalement sur une poignée près du volant.
Encore un sale coup
En 1963, un autre inventeur a une idée de génie : l’essuie-glace intermittent. Robert Keans dépose son brevet et va frapper aux portes des grands constructeurs américains. Ford est intéressé. Mais la maison de Detroit va profiter de sa naïveté pour lui « voler » son invention. Après une longue bataille judiciaire de 30 ans, il recevra 30 millions de dollars d’indemnités. Non sans avoir connu le divorce et le désespoir. Son histoire est d’ailleurs racontée dans le film « Un éclair de génie » (Flash of Genius) de 2008.
Capteurs de pluie
En 1983, Nissan propose un essuie-glace dont la vitesse peut s’ajuster à l’intensité de la pluie. En 1994, Bosch présente le balai avec deux types de caoutchouc différents thermocollés. Les années 90 durant lesquelles les premiers détecteurs de pluie font leur apparition. Les essuie-glace, de plus en plus souples et résistants, peuvent ainsi se mettre seuls en mouvement dès la moindre goutte de pluie. Ils sont également plus aérodynamiques qu’avant et de moins en moins bruyants. En 2019, Tesla a même imaginé un système par laser pour éliminer les saletés et ce qui gêne la vue. Mais ce n’est qu’une idée dans un brevet, pas encore concrétisée.
(Olivier Duquesne – Sources : Wikipedia – Bosch / Picture : © Bosch)