Les motards, boucs émissaires de la lutte contre l'alcool?
Alors que VIAS, l'institut belge pour la sécurité routière, demande au prochain gouvernement d'interdire totalement la consommation d'alcool pour les conducteurs de moto, les associations de défense des motards s'inquiètent d'être ainsi spécifiquement stigmatisés.
Selon Vias, 1 motard sur 15 testé après un accident de la route présenta un taux d'alcoolémie supérieure à la limite autorisée. En 2017, 65 % des motards victimes d'un accident de la route ont été testés. 6,6% d'entre eux avait dépassé la limite d'alcool autorisée. Un chiffre en légère augmentation par rapport au taux de l'année précédente, qui était à 6,3%.
Pour Vias, si l'alcool est évidemment un fléau pour tous les conducteurs, les motards sont davantage exposés aux risques que les automobilistes. Raison pour laquelle, il a proposé au prochain gouvernement d'interdire totalement la consommation d'alcool pour les motards. "Vous êtes plus vulnérable sur une moto. Une petite quantité d'alcool peut rendre plus difficile le maintien de l'équilibre. Une limite de 0,2% - tout comme pour les chauffeurs de bus et de taxis - nous semble donc appropriée", argumente Stef Willems, le porte-parole de Vias, relayé par Het Laatste Nieuws.
Pourtant, parmi les usagers de la route contrôlés après un accident, les motards (6,6%) n'arrivent qu'en quatrième position des catégories qui sont le plus souvent sous l'influence de l'alcool, loin derrière les automobilistes (10,7%), les chauffeurs d'une camionnette de livraison (9,9%) et de cyclomoteurs (8,9%). La loi doit-elle différente pour eux, sous prétexte qu'ils sont plus exposé en cas d'accident. L'argument paraît discutable...
Theo Beeldens, de l'asbl Motorcycle Group Action, qui défend les intérêts des motards, se dit favorable une telle interdiction... si elle est appliquée à tous les conducteurs sans exception. "Je suis surpris que les motards soient visés", a-t-il déclaré. "L'argument selon lequel il est plus difficile de garder son équilibre avec un verre de trop n'est pas techniquement correct. L'équilibre est déterminé par la moto, et non par le conducteur. Je peux entendre qu'un motard roule plus vite et imprudemment sous l'influence de l'alcool. Mais c'est pareil pour un conducteur de voiture. Nous sommes en faveur de la tolérance zéro, mais pour tous les véhicules".
(LpR/Picture : Pixabay)