Né un 24 août : Jean-Michel Jarre, une bulle d’Oxygène dans l'électronique
Fils du compositeur Maurice Jarre, Jean-Michel Jarre a vu le jour à Lyon en 1948. L’auteur d’Oxygène fête son 76ème anniversaire…
Alors qu’il avait à peine 5 ans, son père Maurice quitte le domicile familial pour poursuivre ses rêves aux Etats-Unis. Jean-Michel a longtemps souffert de cette absence. Son paternel a composé des partitions pour de nombreux ballets et concertos mais est surtout renommé pour ses dizaines de musiques de films parmi lesquelles "Le jour le plus long", "Lawrence d’Arabie", "Docteur Jivago", "Paris brûle-t-il ?", "Les damnés", "Week-end à Zuydcoote", "La route des Indes" ou encore "Mad Max". Rien que ça ! Jean-Michel n’a jamais réussi à s’intéresser à la carrière de ce père disparu et sans doute moins encore à l’admirer. Au risque de verser dans de la psychologie à deux sous, on peut cependant imaginer qu’il a voulu égaler voire dépasser le responsable à ses yeux de sa tristesse d’enfant.
Sa mère France, une ancienne résistante pendant la deuxième guerre mondiale, comprend de suite son attrait pour la musique. Quand il était encore gamin et qu’ils venaient tous les deux de s’installer à Paris, elle lui fait découvrir le jazz au "Chat qui pêche" tenu pas une de ses amies. Jean-Michel, émerveillé y côtoie des légendes comme Don Cherry ou Chet Baker. C’est décidé, curieux et touche-à-tout, le jeune-homme veut apprendre la musique. Il acquiert d’abord un socle classique avant de s’initier à la musique contemporaine mais aussi à la guitare électrique ! Les groupes de rock auxquels il participe, comme Mystère IV, n’ont pas laissé un souvenir impérissable. Mais avec l’un d’entre-eux, les Dustbins, ils apparaissent dans le film "Des garçons et des filles" d’Etienne Périer.
En constant équilibre entre accessibilité grand public et recherches plus austère, il découvre les premiers synthétiseurs (imposants Moog et VCS) à la toute fin des années 60 en même temps que les précurseurs allemands du genre comme Tangerine Dream ou Kraftwerk. L'album "Oxygène", initialement publié fin 1976 en France, s’inscrit dans cette lignée. Inspiré par le "Tubular Bells" de Mike Oldfield sorti trois ans plus tôt, chaque plage porte le même nom avec un numéro accolé. Certaines comme "Oxygène Pt. 5" s’inspirent de la musique classique (l'inoxydable "Boléro" de Ravel), d’autres se révèlent atmosphériques comme "Oxygène, Pt.6" et, contre toute attente, l’album contient même un hit mondial avec "Oxygène Pt.4". Il est toujours difficile de vérifier avec précision ce genre de chiffres mais "Oxygène" est très vraisemblablement l’album français le plus vendu en dehors de l’hexagone.
Malgré un nombre incroyable péripéties, de tractations sans fin avec les autorités et une succession d'aléas techniques (qui mériteraient un article entier), Jean-Michel Jarre est la premier artiste occidental à se produire en Chine en 1981. Quatre ans avant Wham ! Le musicien français a toujours aimé les lieux insolites et les foules immenses. En France, il s’est ainsi produit à la Place de la Concorde (1979), au Palais de Versailles (2023), au Mont St Michel (1993), sur les quais de la Saône dans sa ville natale de Lyon (1986) et évidemment au pied de la Tour Eiffel (1995). Il détient également le record du concert ayant attiré le plus de monde : à Moscou en 1997. On estimé que plus de trois millions de spectateurs étaient présents ! En mai de cette année, pour une prestation plus intimiste, il a invité Brian May (guitariste de Queen) à ses côtés pour une expérience unique à Bratislava. A 76 ans, Jean-Michel Jarre pratique donc toujours le grand écart avec une facilité déconcertante.
Pour terminer ce rapide survol d’une carrière protéiforme, saviez-vous qu’il a également écrit des textes pour Patrick Juvet mais aussi pour "Paradis perdus" (1973) et "Les mots bleus" (1974) de Christophe…
(AK - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Jean-Michel Jarre sur le plateau de la RTBf à Liège (Belgique) en avril 1989 pour la sortie de l’album "Revolutions" (© Etienne Tordoir)