Né un 27 novembre : Le chanteur russe Boris Grebenshikov n’est pas le valet de Poutine
Comme le sanguinaire dictateur du Kremlin, il a vu le jour à Saint-Pétersbourg (encore appelée Leningrad à l’époque). Né en 1953, il est un an plus jeune que Poutine. Et leur lieu de naissance identique est bien la seule chose qu’ils possèdent en commun !
S’il n’ jamais été aussi virulent que son cadet de dix ans Viktor Tsoï, lui aussi né des la turbulente Leningrad, BG (comme on le surnomme par facilité) n’a jamais été non plus un chantre du pouvoir communiste.
A une époque où les vinyles de rock, souvent apportés par de rares visiteurs étrangers, circulaient sous le manteau, Boris s’entiche des Beatles comme beaucoup. A peine âgé d’une vingtaines d’années, il monte son premier groupe Aquarium en 1972. Deux ans plus tard, avec les rares moyens techniques disponibles, il réussit à enregistrer un premier album "Искушение святого Аквариума" (qu’on pourrait traduire par "La tentation de Saint Aquarium"). A l’époque, très peu de gens entendent ces bandes mais il s’agit néanmoins d’un premier coin enfoncé dans la culture communiste étatique et sclérosé. Et c’était très mal vu. Fonder un magazine musical (Roxy) ou figurer à l’affiche d’un festival rock à Tbilissi (Georgie) en 1980 lui rapportent certes un petite notoriété mais… il perd surtout son boulot dans la foulée.
Même si la musique d’Aquarium reste relativement sage, un folk-rock aux accents parfois sociaux, elle ne plaît pas aux autorités por autant. Celui qu’on surnomme souvent le Bob Dylan russe n’a jamais rué dans les brancards mais, avant la chute du mur, simplement parler de la réalité des gens (même de manière poétique) était considéré comme un crime de lèse-majesté. En 1989, grâce à la Perestroïka et quelques mois avant la chute du mur, il sort "BG" pour la mulltinationale CBS. Un d eses disques les plus rock.
"J’ai toujours été dans le collimateur des autorités, mon nom figurant sur une liste noire" déclarait-il récemment à la BBC lors de la sortie de son dernier mii-album "Songs Of Clear Light". Dans un pays où on n'hésite pas à envoyer au bagne des adolescents qui osent s’opposer à la guerre d’agression russe en Ukraine, Boris Grebenshikov figure sur la liste des "agents de l’étranger". Comme beaucoup d’autres artistes et comme tous les journalistes indépendants. Emigré depuis de longues années à Londres, le chanteur aujourd’hui âgé de 71 ans considère cette étiquette supposément infamante comme une médaille à arborer fièrement.
Son cadet beaucoup plus rock Yuri Shevchuk a lui longtemps affirmé qu’il ne quitterait jamais la Russie. Malgré les foudres de la justice, il a été un des seuls à écrire des chansons comme la guerre en Ukraine et à les interpréter sur scène dans pays natal : "Motherland Come Back Home" et "The Burial Of War". En mai 2022, le Moscow Times rapportait certains de ses propos tenus sur scène : "La patrie, mes amis, ce n'est pas le cul du président qu'il faut embrasser tout le temps" affirmait-il sans ambages. "La patrie c'est une vieille femme pauvre à la gare qui vend des pommes de terre pour survivre". Deux ans plus tard cependant, une des seules formes de protestation encore possible est le mutisme. Pour le moment, le silence sur l'opération spéciale russe n'est pas encore passible des goulags sibériens. Mais pour combien de temps ?
(AK - © Etienne Tordoir)
Photo : Boris Grebenshikov à l’hôtel Astoria de Bruxelles (Belgique) en juin 1989 pour la promotion de son album en anglais "BG"