Né un 31 janvier : Lloyd Cole, le chanteur intello, poète et philosophe

Il a vu le jour en 1961 dans la petite ville de Buxton, non loin de Derby en Angleterre. Féru de littérature, il a toujours considéré la musique comme le véhicule idéal pour ses textes volontiers mélancoliques

Quabd il était adolescent, Lloyd Cole fréquentait davantage les bibliothèques que les pubs enfumés afin d'y débusquer de nouvelles pépites de la new wave. Il étudie d’abord le droit à Londres avant d’entamer des études de philosophie à l’Université de Glasgow. Il y rencontre Blair Cowan, un claviériste avec lequel il collabore encore aujourd’hui. Il est cependant probable que leurs premières conversations portaient sur les mérites comparés de Platon et de Kant (si tant est qu’un tel exercice soit possible) plutôt que sur les qualités stylistiques de John Lennon face à celles de Andy Partridge (XTC)…

A l’âge de 23 ans, en 1984, il enregistre le premier album des Commotions et il s'installe déjà à des années lumière de la pop synthétique alors plébiscitée dans les hit-parades anglais. Petit bijou d’orfèvrerie pop intello, "Rattlesnakes" réussit l’exploit de séduire un large public grâce à des titres comme "Perfect Skin", "Charlotte Street", "Are You Ready To Be Heartbroken" et bien évidemment "Forest Fire", un intemporel crescendo d’anthologie qui n’a pas pris une ride.

Avec sa voix fragile à la tessiture si particulière et son inspiration musicale aux antipodes de la facilité, Lloyd Cole était un peu vu comme un martien dans le business de la musique. Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises entre 1984 et 1987, je peux confirmer un caractère timide et introverti. Il répétait souvent que tout se trouvait dans ses chansons et qu’il lui était difficile pour lui de les disséquer et de les analyser. Par contre, il était intarissable sur certains de ses coups de coeur littéraires comme Joan Didion. "Rattlesnakes" (1984), "Easy Pieces" (1985) et "Mainstream" (1987) ont marqué l’histoire de la musique anglaise du sceau de la qualité.

A l’exception d’une éphémère reformation des Commotions en 2004 pour célébrer le 20ème anniversaire de "Rattlesnakes", Lloyd Cole poursuit une carrière solo qui continue inlassablement d’explorer les mêmes thématiques, en mots toujours choisis. Tantôt subtilement acoustique, tantôt plus opulente, au long d’une discographie d’une quinzaine d’albums studio, sa musique aborde parfois des rivages inattendus mais le chanteur puise toujours son inspiration dans les éraflures de la vie. Certains titres d’albums comme "Bad Vibes" (1993), "Antidepressant" (2003) ou le récent et très touchant "On Pain" (2023) semblent ainsi lui coller à la peau.