Née un 16 octobre : Nico, Femme Fatale et égérie du Velvet Underground
Quel parcours ! Christa Päffgen a vu le jour en 1938 à Cologne (Allemagne) avant de devenir mannequin, actrice puis d’être adoubée par Andy Warhol
Son père est mort sous l'uniforme de la Wehrmacht, l’armée allemande, en 1942 et sa mère, simple couturière dans le grand magasin KaDeWe de Berlin, ne lui proposait guère d’avenir plus enviable que celui de vendeuse. C’était sans compter sur la volonté farouche de Christa de se créer une place au soleil. Sa légendaire beauté diaphane lui a assez rapidement permis d'ouvrir les portes du mannequinat dès l’âge de 15 ans, en 1953.
C'est bien entendu à Paris, déjà capitale de la mode, qu’elle vient alors s’installer pour démarcher les maisons de couture. Sur le conseil d’un des photographes devant l’objectif duquel elle pose, elle opte alors pour un nom plus facile à retenir que Päffgen. Empruntant le prénom d’un ancien amant cinéaste, Nico voit ainsi le jour une deuxième fois pour la scène et l’éternité. Même si elle commence à accumuler les parutions dans les pages du "Jardin des Modes", de "Vogue" ou de "Elle" et même si elle fréquente Coco Chanel (une forme de consécration en soi), Nico caresse d’autres ambitions sur grand écran. Elle apparaît ainsi dans quelques publicités, obtient un rôle secondaire auprès du réalisateur Alberto Lattuada pour finalement incarner sa propre vie dans "La Dolce Vita" de Federico Fellini (1959) : une ex-mannequin jet-seteuse devenue chanteuse. A New-York où elle passe la moitié du temps, Nico peaufine sa formation d’actrice (dans la même classe que Marilyn Monroe s’il vous plaît).
Comme souvent chez Nico, sa tumultueuse vie sentimentale a une influence sur sa carrière. Malgré les dénégations de ce dernier, elle a ainsi toujours prétendu qu’Alain Delon était le géniteur de son premier fils Aaron. Rien moins que Jimmy Page et Brian Jones se penchent alors sur le berceau de "I’m Not Sayin", son premier single en anglais. Elle vivra ensuite une liaison de quelques mois avec la guitariste des Rolling Stones. En 1966, lui aussi sous le charme, Bob Dylan écrira pour elle "I’ll Keep It With Mine".
C’est ainsi que, de fil en aiguille, elle tombe sans doute avec une certaine délectation dans les filets d’Andy Warhol. Celui-ci la fait jouer dans ses films expérimentaux avant de littéralement l’imposer à John Cale et Lou Reed qui s’apprêtent à enregistrer leur emblématique premier album en mars 1967. Celui avec la cover ornée d'une banane signée Warhol et d'une kyrielle de titres qui appartiennent à l’histoire du rock : "Waiting For My Man", "Sunday Morning", "Venus In Fur", "All Tomorrow’s Parties", "I’ll Be Your Mirror" et bien évidemment "Femme Fatale". Nico ne restera qu’une petite année avec eux en laissant cependant sur le Velvet une empreinte indélébile. Elle clôturera cette année 67 avec son premier album solo "Chelsea Girl"…
Je ne l’ai vue pour la première fois que quinze ans après cet épisode. Elle se produisait au Festival Futurama (Grande-Bretagne) en septembre 1982. Même si sa présence était un peu incongrue, auréolée de son statut de prêtresse du Velvet, elle côtoyait les jeunes pousses de la new wave, comme The March Violets ou Dead Or Alive, accompagnée de son seul harmonium.
Nico est décédée le 18 juillet 1988 à Ibiza suite à une chute de vélo et d'une probable hémorragie cérébrale. Elle avait seulement 49 ans.
(AK - Photo : Etienne Tordoir)
Photo : Nico sur la scène du Festival Futurama au Deeside Leisure Centre (Grande-Bretagne) en septembre 1982 (© Etienne Tordoir)