Trump le prouve : il est nul en histoire
« J’aurais aimé avoir les généraux qu’Hitler avait. » Cette phrase qu’aurait prononcée Donald Trump dans le Bureau ovale démontre qu’il ne connaît guère la complexité du soutien d’Hitler. Il a par contre confirmé qu’il était un cancre en histoire.
Faut-il connaître l’histoire pour devenir Président des États-Unis ? C’est sans doute un avantage, en particulier en diplomatie, mais cela n’est pas nécessaire. Donald Trump a déjà pu s’asseoir dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche malgré d’évidentes lacunes. Selon plusieurs collaborateurs durant son mandat de 2016 à 2020, il aurait un jour déclaré : « J’aurais aimé avoir les généraux qu’Hitler avait ». S’il voulait parler de leur loyauté, il se trompe lourdement. Il est vrai que le petit peintre autrichien a pu compter sur l’armée dans ses ambitions de conquête aux premières heures du nazisme, par intérêts communs. Sur le champ de bataille, certains généraux, dont Erwin Rommel, ont permis de belles victoires à la Wehrmacht. Mais cela n’a pas duré.
Attentat
En plaçant des caciques nazis aux postes militaires et en mettant l’armée au pas, le dictateur nazi a fini par cultiver le détachement, le mépris, voire le désir d’en finir avec lui. Depuis la fin du XIXe siècle et l’Empire allemand, les militaires avaient une certaine autonomie sur le terrain des opérations. Notamment durant la guerre 14-18. Hitler et son régime nazi vont changer cela. L’armée devra rendre des comptes. Dès 1933, les officiers doivent jurer fidélité au Führer, et plus à la constitution. Au début, la politique militaire nazie fonctionne. Mais dès 1941, plusieurs généraux allemands s’opposent à la stratégie de Berlin. Cela leur coûtera, au mieux la liberté, au pire la vie. La situation va se détériorer inexorablement. Rommel sera même convié à « se suicider » après l’attentat du 20 juillet 1944, sans qu’on ne puisse formellement prouver sa participation au complot. Pourtant, cet attentat – manqué – contre Hitler et la tentative de putsch ont bien été fomentés par de hauts officiers de l’appareil militaire et répressif.
Autres approximations trumpiennes
D’autres déclarations de Trump permettent de douter de sa culture historique. Nul n’est à l’abri d’un lapsus, bien sûr. Ainsi, Donald Trump pensait sans doute au 11 septembre 2001 quand il a évoqué les attentats du 11 juillet lors d’un meeting à Buffalo, dans l’État de New York à la primaire républicaine de 2020. Le candidat ex-président avait aussi affirmé en août 2020 que la pandémie de grippe espagnole de « 1917 » a mis fin « à la Seconde Guerre mondiale ». Il voulait sans doute parler de Première Guerre mondiale (14-18), cette pandémie née en 1918. De plus, si elle a sans doute joué un rôle sur l'épuisement général, ce n’est pas la grippe qui a mis fin à la guerre, mais l’Armistice du 11 novembre. Le patient zéro est un homme du Kansas contaminé en mars 1918 par un oiseau. Appelé juste après sous les drapeaux, il va emmener le virus dans son camp militaire. Certains de ses camarades l'emporteront ensuite en Europe ! Cette grippe atteindra l’Espagne en mai 1918, pays neutre dont la presse mettra l’épidémie en lumière. Cette grippe touchera l'Amérique et l'Europe, puis l'Afrique, l'Asie et l'Océanie avec les marins pour devenir pandémie durant l'automne 1918. Le dernier cas sera signalé en juillet 1921 en Nouvelle-Calédonie.
Histoire de l’Amérique
Encore un lapsus lorsqu’il a loué dans un discours du 4 juillet 2019, la prise des aéroports contre les Britanniques durant la guerre d’indépendance de 1775! Il voulait sans doute parler des ports, les avions n’existant pas encore à l’époque. En 2017, il a pris en exemple le « travail remarquable » de Frederick Douglass laissant sous-entendre qu’il croyait que cet abolitionniste mort en 1895 était encore vivant. En outre, lors d'un discours, Trump avait affirmé que les États-Unis avaient été fondés par des abolitionnistes. Or, l'esclavage existait à l'époque de la fondation du pays. De plus, plusieurs des Pères fondateurs étaient eux-mêmes propriétaires d’esclaves.
L’aplomb malgré l’ignorance
Ce ne sont donc là que quelques exemples d’approximations, simplifications et erreurs factuelles. En 2017, Douglas Brinkley, historien de la présidence CNN, a décrit Trump comme un « analphabète en histoire ». Il a affirmé que le président n'avait « aucune connaissance » des événements américains majeurs. « Il est fier, il dit aux gens qu'il ne lit pas de livres, et cela se voit dans les théories de conspiration farfelues qu'il colporte ». 7 ans plus tard, cela continue à être son cheval de bataille : réécrire l’histoire à défaut de la lire. Malgré tout, son aplomb lui permet de tracer sa route pour espérer un nouveau mandat…
(Olivier Duquesne – Sources : CNN, Cairn.info, Wikipedia – Picture : © picture alliance / Newscom | JIm Bourg)