Le réseau routier wallon est le pire d'Europe
Le constat s'impose depuis des années: les routes wallonnes sont en piteux état avec leurs épidémies de nids-de-poule et d'accotements dangereux. A tel point que le ministre wallon des Travaux publics, Carlo Di Antonio, doit se contenter de constater les dégâts.
Comment la Wallonie en est-elle arrivée là?
Dans une interview accordée à La Dernière Heure, le ministre explique : "Pour moi, il y a un seul chiffre qui compte : le nombre d'euros investis par kilomètre d'autoroute, depuis 20 ou 30 ans. Et on est en dessous de tous les autres pays européens. Les entreprises ne sont pas moins bonnes chez nous qu'ailleurs. Mais le montant investi chez nous a été systématiquement inférieur à ce qu'on a mis partout ailleurs en Europe. Ce n'est donc pas anormal de vivre ce qu'on vit aujourd'hui. On paye 20 années, depuis le début des années 2000, où on n'a pas mis ce qu'il fallait sur les 8.375 kilomètres du réseau routier et autoroutier wallon".
En comparaison avec la Flandre, il apparaît évident que les investissements ont été nettement moins importants. Ainsi, si la Flandre a dépensé 67.857 euros par kilomètre chaque année entre 2005 et 2019 et ceci pour un réseau moins étendu, la Wallonie, quant à elle, s'est contentée d'investir 25.671 euros par kilomètre entre 2005 et 2009, et 41.194 euros entre 2010 et 2015.
Le ministre de la Mobilité poursuit son raisonnement: les pays voisins ont consacré de gros moyens à entretenir leurs routes mais en faisant payer les contribuables. Il commente: "Aujourd'hui, utiliser un véhicule en Belgique, en termes de fiscalité, coûte moins cher qu'ailleurs. En Italie et en France, dès qu'on se déplace de quelques kilomètres, il y a des péages. Traverser la France, pour un Français comme pour un Belge, coûte cher. Comme ce sont des sociétés privées qui gèrent les autoroutes et qui reçoivent en partie les montants liés aux péages, elles ont une obligation de garder le réseau dans un état quasi impeccable".
Si la Wallonie a longtemps été à la traîne, elle semble actuellement en train de redresser la barre et de compenser ce sous-investissement. Depuis 2009, deux plans successifs ont permis d'investir 500 et 640 millions d'euros dans le réseau wallon. Une dépense en euros par kilomètre qui approche enfin celle des autres pays d'Europe.
"On voit ce que ça donne aujourd'hui en termes d'implication. Les gens rouspètent parce qu'il y a des travaux. Oui... Mais c'est parce qu'on est en train de rattraper ce sous-investissement en termes de travaux publics", conclut Carlo Di Antonio.
Le grand chantier wallon est désormais plus que nécessaire. Chaque année, les infrastructures défectueuses sont à l'origine d'accidents de la route dont certains se sont tristement soldés par des décès.
(FvE - Source: La Dernière Heure - Picture: Pixabay)