Tagtik

Neufs otages oubliés au Sahel!

Elle s'appelle Sophie Pétronin mais son nom et son visage ne vous diront rien. Le temps où les photos des otages français et étrangers ouvraient le journal de 20 heures est désormais bien loin...

Agée de 72 ans, Sophie Pétronin s'occupait depuis plus de 15 ans d'une ONG d'aide à l'enfance, à Gao au Nord Mali. Elle a été kidnappée devant les locaux de son association, en décembre 2016, par trois hommes masqués et armés. Depuis, c'est le silence... un silence médiatique et officiel insoutenable pour toutes les familles qui attendent un signe de vie.

Que dire du mystérieux otage français enlevé à Goz Beïda, dans le sud-est du Tchad, en mars, et dont nul ne connaît le nom, que ni les autorités tchadiennes ni l'entreprise minière qui l'employait n'ont voulu dévoilé?

Même silence assourdissant autour de l'Américain Jeffery Woodke, un travailleur humanitaire de 56 ans, installé au Niger depuis plus de vingt ans, qui a été enlevé dans la petite ville d'Abalak en octobre 2016 et sans doute exfiltré au Mali voisin.

Volatilisée, la religieuse colombienne Gloria Cecilia Argoti, enlevée en février 2016 par des hommes armés dans l'enceinte de sa congrégation de Karangasso, dans le sud du Mali et dont on est sans nouvelles depuis.

A peine moins inquiétante, la vidéo reçue qui montre Beatrice Stockly, une protestante suisse, enlevée à Tombouctou en janvier 2016, où l'on aperçoit l'otage épuisée, la tête sous un voile noir.

Pas de revendication jusqu'ici pour l'enlèvement du Roumain Iulian Ghergut, responsable de la sécurité d'une mine et enlevé le 4 avril 2015 dans le nord du Burkina Faso. Tout juste s'est-il rappelé au bon souvenir de nos mauvaises consciences dans une vidéo parue en novembre.

Pas de nouvelle du docteur australien Arthur Kenneth Elliott, 82 ans, le seul médecin de la localité de Djibo, enlevé en janvier 2015. Si sa femme, Jocelyn Elliott, sera libérée un mois plus tard. C'est le silence radio autour de ce médecin très populaire dans la région.

Qu'est-il advenu de Stephen McGowan, un routard sud-africain enlevé à la terrasse d'une guest house de Tombouctou en 2011. En décembre 2015, la famille du plus ancien otage du Sahel s'était réjouie de le revoir dans une courte vidéo. Depuis, rien...

Où est aujourd'hui le Suédois Johan Gustafsson, lui aussi disparu après avoir été contraint de monter sur le même pick-up que McGowan à Tombouctou?

Pourquoi ce groupe d'otages ne bénéficie-t-il pas du même traitement que ses prédécesseurs? Parce qu'ils sont aux mains de groupes jihadistes? Parce que les autorités de pays concernés préfèrent oeuvrer discrètement sur ces dossiers sensibles? Parce que l'opinion publique se lasse? Pourtant, la meilleure arme pour faire bouger les gouvernements et les forcer à négocier, c'est de rompre ce silence...

(LpR - Source : Libération.fr /Picture : Pixabay)

Pour aller plus loin