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Que vont devenir les perdants du premier tour?

Les deux qualifiés pour le deuxième tour étant connus depuis dimanche soir, une page s'est tournée pour les trois candidats éliminés. Pour eux, c'est désormais la question de leur avenir qui se pose. "Malheur aux vaincus!", dit la sagesse populaire. Sans aller aussi loin, ce sont des lendemains qui déchantent et de probables traversées du désert qui s'annoncent pour les perdants, dont le destin personnel et le destin politique se confondent souvent.

Commençons par François Fillon, brillamment plébiscité lors de la primaire de la droite mais éliminé sans gloire après une campagne engluée dans les affaires. Dans son camp, la déception est immense, alors que cette élection avait dans un premier temps été déclarée imperdable par ses amis politiques. Mais c'était avant le 'Penelopegate'. Fillon annoncera-t-il à 63 ans son retrait de la vie politique alors qu'il devra répondre prochainement devant la justice des faits qui lui sont reprochés? Survivra-t-il aux règlements de compte qui ne manqueront pas d'avoir lieu dans sa famille politique? Le bureau politique des Républicains, ce lundi, devrait éclairer ces questions.

Du côté de Benoit Hamon, qui a réalisé le score plus bas de l'histoire pour un candidat désigné par le PS, l'avenir est à peine plus rose même s'il a dignement assumé sa défaite et annoncé dimanche qu'il continuerait à travailler au recentrage "progressiste" du Parti Socialiste. Mais recoller les morceaux d'un PS en déréliction ne sera pas chose facile alors que de nombreux ministres de la Hollandie ont senti le vent tourner et se sont précipités très tôt dans les bras d'Emmanuel Macron. Un congrès, sensé être re-fondateur, doit statutairement se tenir dans les six mois qui suivent l'élection présidentielle. C'est une lutte à couteaux tirés qui s'annonce entre les tenants de l'aile gauche du parti et son axe social-démocrate. Pas sûr qu'il y ait à l'avenir une place de premier choix pour Hamon, lui qui devra assumer pendant de longues années d'être celui qui incarne la plus humiliante défaite électorale des socialistes français...

A 66 ans, l'avenir politique de Jean-Luc Mélenchon est tout aussi flou. Même au sein de sa garde rapprochée, rares sont ceux qui connaissent les véritables intentions réelles du trublion de la France Insoumise. Tout juste a-t-il avoué il y a quelques mois que cette présidentielle serait sa dernière. La plupart des commentateurs le voient se présenter dans une circonscription où il a des chances de l'emporter lors des prochaines élections législatives. Pas question cette fois de rééditer le coup de 2012, où il s'était présenté de façon suicidaire dans le fief de Marine Le Pen et avait été sévèrement battu. C'est donc en occupant la tribune de l'Assemblée Nationale que pourrait s'écrire son avenir. Mais qu'adviendra-t-il alors, puisqu'il est sans véritable héritier, des 400.000 personnes à avoir adhéré à la France Insoumise et à avoir soutenu sa candidature? Il est trop tôt pour le dire. Mais sa non qualification pour le second tour est un coup d'arrêt. Ou, pire, un élan à jamais brisé...

(LpR/picture : Belga)

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