Flèche Wallonne 1994, le Mur de la honte
Milan San Remo, 25 years ago. Giorgio Furlan attacks on the Poggio, wins by 20 seconds. Cipo and Baffi get second and third. pic.twitter.com/X1H0b8N6i9
— Peter Flax (@Pflax1) March 23, 2019
Evgeni Berzin was the first rider from Russia to win Liege Bastogne Liege in 1994. pic.twitter.com/BNkSa3Y1eT
— The World of Cycling (@twocGAME) April 26, 2020
En haut du Mur, après avoir brièvement hésité, Argentin fait sonner la charge et rouler ses affidés, alors qu'il reste 70 kilomètres à parcourir. La facilité avec laquelle le trio de la Gewiss va résister au peloton, dans un premier temps, et à un groupe de favoris, ensuite, laissera des traces durables dans les mémoires et dans la pharmacopée du peloton.
Les historiques : La Flèche Wallonne 1994. Moreno Argentin, Evgeni Berzin, Giorgio Furlan s'échappent dans l'avant dernier passage au mur de Huy. Irrésistibles. pic.twitter.com/XUcXw0oLq5
— ???IS ??OO?E (@VroomeChris) December 2, 2018
Les miracles du jus d'orange
Trois équipiers aux trois premières places, c'est du jamais vu depuis Paris-Bruxelles 1951, marqué par le triplé de l’équipe Mercier avec Gueguen, Gauthier et Baldassari. C'est même un scénario qui laisse pantois la presse sportive, le journal l'Equipe interrogeant dès le lendemain le médecin de l'équipe, un certain Michele Ferrari qui aura ces mots célèbres : "L'EPO n'est pas dangereuse, c'est son abus qui l'est. L'EPO est aussi dangereux que de boire dix litres de jus d'orange."
Le monde découvre le Dottore Ferrari et l'EPO ce jour-là. Mais la loi du silence va s'imposer et l'EPO va bouleverser pendant longtemps les hiérarchies sportives établies, en scellant le destin de l'ancienne génération. Eric Van Lancker, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège six ans plus tard, raconte : "Plusieurs coureurs ont soudainement sous-performé pendant les années EPO. Etre moins performant cela signifiait un moins bon contrat. Pour certains, cela voulait même dire la fin de leur carrière."
Même les motos sont lâchées
La Gewiss remporte également cette année-là le Giro avec Berzin qui bat tranquillement Miguel Indurain, le Russe se permettant même le luxe de repousser Indurain à 2'30 lors du contre-la-montre de Follonica. En juillet, Piotr Ugrumov termine, lui, second du Tour de France, derrière Indurain. La saison se termine avec le succès de Vladislav Bobrik sur le Tour de Lombardie.
Mais le sommet de l'indécence sera sans doute atteint l'année suivante, en 1995, lors du contre-la-montre par équipe du Tour de France. L’équipe Gewiss pulvérise l’étape à la vitesse moyenne de 54,943 km/h. Les mauvaises langues diront que ce jour-là, même les motos étaient lâchées...
L'ombre de Ferrari
Après ce Mur de la honte, l'ombre de Michele Ferrari planera encore de longues années dans le sillage de coureurs sortant du néant mais qui vont soudain se mettre à truster les palmarès des plus grandes courses… Plus tard, les effets miraculeux du jus d'orange continueront d'ébahir le peloton.
Ivan Gotti, qui a bien retenu la leçon apprise chez Gewiss, remportera plus tard les Tours d’Italie 1997 et 1999. En 1995, la miraculeuse résurrection de Laurent Jalabert, devenu soudain un rouleur-grimpeur capable de titiller Indurain sur le Tour ou de remporter la Vuelta, devait sans doute beaucoup à la recette des oranges pressées de Ferrari.
Mais le meilleur reste à venir, car Ferrari va bientôt débuter sa collaboration avec un coureur américain relativement inconnu mais très amateur de smoothies à l'orange. Il s’appelle Lance Armstrong…
(LB/Picture : Twitter)
Cet article, écrit par la rédaction de Tagtik est paru pour la première fois sur le site de notre client Proximus Pickx, rubrique cyclisme.