Enquête sur le crash China Eastern : défaillance technique ou acte volontaire?
Deux pistes actuellement étudiées par les enquêteurs permettraient de comprendre l'étrange crash du vol China Eastern MU5735 qui transportait 132 personnes et qui a piqué du nez avant de s'écraser au sol dans les collines à proximité de Wuzhou, dans la province de Guangxi, en Chine méridionale.
Comment expliquer que le Boeing 737-800, parti de Kumming le lundi 31 mars, pour un vol de routine de 2 heures vers Canton, ait pu connaître pareille fin? "C'est très inhabituel pour un avion de voler à une vitesse de croisière puis de plonger soudainement comme ça", explique à la BBC Sonya Brown, experte britannique en aviation civile.
Même s'il est difficile de déterminer la cause exacte du crash, l'experte explique qu'il y a, à son avis, "deux écoles de pensée" pour comprendre le déroulement des faits mais "sans pouvoir dire laquelle privilégier à ce stade".
La première hypothèse est que l'avion ait connu "une défaillance catastrophique" des stabilisateurs horizontaux de son empennage, les éléments horizontaux de la queue de l'avion qui maintiennent la dynamique normale de vol. Pareille défaillance pourrait expliquer que l'avion ait basculé et piqué brutalement du nez comme il l'a fait.
L'autre option qui est de plus en plus évoquée par les experts est celle d'un sabotage délibéré ou d'un accident volontaire. "Malheureusement, nous avons déjà vu ce scénario dans l'industrie du transport aérien", explique Sonya Brown qui fait ainsi allusion au crash du vol 9525 de la Germanwings, en 2015, où le copilote avait volontairement crashé un Airbus transportant 150 personnes dans les Alpes françaises.
Mais contrairement au vol de Germanwings qui avait plongé à la vitesse de 3 000 à 4 000 pieds par minute, le vol MU5735 de China Eastern a piqué vers le sol à la vitesse assez ahurissante de 30 000 pieds par minute. "Il s'agit donc d'un scénario très, très différent - vraiment extrême", précise Sonya Brown. "Les avions sont conçus pour planer, pas pour basculer et plonger. Même si tous les moteurs s'éteignaient, l'avion ralentirait un peu, mais volerait. Donc, en termes mécanique, (...) quelque chose a dû forcer l'avion à descendre."
Que sait-on des pilotes ? Il y avait trois pilotes à bord, ont révélé mercredi des responsables de China Eastern. L'un d'eux était là en tant qu'observateur pour accumuler de l'expérience. Le capitaine avait 6 709 heures d'expérience de vol, le co-pilote 31 769 heures
Que peuvent nous dire les premières enregisteurs de vol, déjà retrouvées, abîmés par l'impact de l'accident, mais dont les données semblent utilisables ? Si l'avion a été entraîné au sol délibérément, on disposera de tous les sons dans le cockpit, des bruits d'une éventuelle intrusion, des alarmes qui se seraient déclenchées. L'autre boîte noire - l'enregistreur de données de vol - qui n'a pas encore été récupérée fournirait des informations sur les paramètres de vol susceptibles d'expliquer un problème mécanique.
(LpR - Source : BBC/Picture: Pixabay)