Mazzu, le Lagardère de la JPL!
"Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi". La phrase la plus célèbre du Bossu de Paul Féval pourrait être mise dans la bouche d'un Felice Mazzu qui s'adresserait aux grands clubs de ce pays. Le coach carolo bouleverse, en effet, les hiérarchies et les codes traditionnels qui ont cours dans le petit monde du ballon rond belge et est en train de se venger avec panache du conformisme ambiant de l'aristocratie de notre élite nationale.
C'est que le coach carolo fait depuis près de deux décennies un boulot impressionnant qui l'a mené du football provincial au sommet de la JPL, en passant par la Promotion, la D3 et la D2.
Dans tous ses clubs, du Leopold Uccle à Tubize et de Braine au White Star, l'homme a toujours séduit par son approche du football qui repose sur une maîtrise parfaite de l'alphabet tactique, mais aussi et surtout sur une dimension humaine faite de psychologie et d'empathie exceptionnelles envers ses joueurs et collaborateurs.
Pourtant, à l'exception du Standard de Roland Duchâtelet qui avait essayé de le débaucher au White Star, aucun grand club de la JPL n'a encore vraiment bougé pour s'offrir ses services. Comme si les ténors hésitaient à recruter quelqu'un au parcours atypique qui n'a pourtant rien à envier à ceui d'un Francky Dury ou d'un ... José Mourinho.
Felice Mazzu a son explication sur la frilosité des employeurs du G5, il l'a d'ailleurs livrée vendredi à la RTBF. "Les clubs choisissent comme ils le veulent. On est dans une société où on veut acquérir les choses sans risques, on préfère prendre des grands noms que de lancer des inconnus comme Mehdi Bayat l’a osé avec moi".
Modeste, humble, mais ambitieux et bon vivant, Mazzu ne gamberge pas et compose toujours avec la réalité et les moyens du moment. Les grands ne veulent pas (encore) de lui. Grand bien leur fasse. Lui en tout cas continue de grandir et avec lui son Sporting en mode FM qui trône désormais en tête du championnat avec 15 points sur 15 après avoir battu notamment Anderlecht, Genk et Zulte-Waregem (excusez du peu!)!
Alors, les Zèbres champions? "J'espère avoir un titre un jour, c'est ce qu'il me manque aujourd'hui pour vivre une expérience complète de coach" prévient ce fils d'ouvrier qui ajoute encore : "J'aimerais être plus jeune pour découvrir le haut niveau plus tôt, je devrais aussi peut-être plus penser à moi. Je n'ai jamais eu de nom. Mais un jour, moi aussi, j'aurai un nom...".
En attendant, le Mazzu Time, c'est déjà maintenant.
(Dupk/Picture : Photo News)