Né un 5 décembre : Little Richard, un des pionniers du rock’n roll
Le gamin turbulent né à Macon (Géorgie) en 1932, Richard Wayne Penniman de son véritable nom, a ouvert la voie du rock aux artistes noirs
Troisième d’une pléthorique famille de douze enfants et sous la stricte autorité d’un père qui ne jure quepar la religion, le petit Richard a été obligé de sa battre non seulement pour faire comprendre son attirance (vue comme "diabolique") pour le rock et bien plus encore pour que son homosexualité encore latente soit acceptée. Ce ne sera jamais le cas au sein de sa famille. S'il s'est à un moment surnommé lui-même "The King And Queen Of Rock'n Roll", il ne l'a pas toujours assumé non plus...
Il quitte donc rapidement ce cocon peu accueillant pour faire ce qu’il fait de mieux : chanter à tue-tête, hurler parfois, du rhythm’n blues comme si sa vie en dépendait. Little Richard n’a jamais ménagé son énergie et a aussi apporté très rapidement une attention toute particulière à des tenues de scène souvent extravagantes. Elton John s’est peut-être inspiré de lui ?
Dès le début des années 50, il met en boîye ce qu’on appelait à l’époque des jump blues, du blues sautillant et saccadé comme "Get Rich Quick", dans lesquels on décèle déjà un penchant pour les premiers soubresauts du rock’n roll. Pendant une pause lors d’un enregistrement à La Nouvelle Orléans en 1955, il fredonne l’ébauche de "Tutti Frutti". Son producteur Robert Blackwell en décèle immédiatement le potentiel. Peaufiné et retravaillé, la version finale de "Tutti Futti" voit ainsi le jour en deu temps trois mouvemets. En 2 minutes 25 secondes montre en main et bien sûr l’inoubliable "top bop aloobop galop bam boom" (ou quelque chose d’approchant), la chanson devient instamment un classique du rock naissant. Jordan Bassett de l’hebdomadaire anglais "New Musical Express" y verra le "big band qui a enflammé le rock’n roll" et permettra à Elvis Presley (celui-ci donnera sa version du classique sur son premier album) et même aux Beatles de battre ensuite le même fer. En l’écoutant aujourd’hui, on a un peu de mal à imaginer à quel point cette chanson a déclenché un tel tsunami. Et pourtant !
Little Richard fut ainsi u des premiers artistes noirs à séduire un public blanc dans un pays où certains états pratiquaient encore la ségrégation raciale. Chuck Berry, Bo Diddley et Fats Domino s’engouffreront aussi dans la brèche. Il serait cependant réducteur de résumer la carrière de Little Richard a une seule chanson. Il a aussi composé et interprété avec cette fougue unique des tires comme "Long Tall Sally", "Lucille", "Rip It Up", "Ready Teddy", "Keep A Knockin’" ou encore, par exemple, "Good Golly, Miss Molly". Pas de la grande littérature certes mais bien de la dynamite pour l'époqu. Et même maintenant d'ailleurs !
Avec un tel palmarès, on peut aisément pardonner à Little Richard d’avoir thésaurisé sur son propre héritage et, à partir du milieu des années 80, préféré de fugaces apparitions au cinéma -souvent dans son propre rôle- aux côtés notamment de Bette Midler et Nick Nolte dans "Down And Out In Beverly Hills" en 1986. Il pimente aussi un épisode de la fameuse série télé "Columbo" et donne la réplique à l'inspecteur au cigare mâchouillé, à l’imper froissé et à la Peugeot 403.
Très croyant, le chanteur a régulièrement qualifié son propre comportement de "satanique" avant de reconaître, dans une interview un brin lunaire au magazine "Penthouse" (plus recherché pour ses fille dénudées que pour sa rubrique musicale) "avoir été gay toute sa vie". Avant de démentir à nouveau vers la fin de sa vie. Son orientation sexuelle exacte n’a finalement que peu d’importance face à un répertoire devenue légendaire. Little Richard nous a quitté le 9 mai 2020 après avoir longuement lutté contre un cancer des os.
(AK - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Little Richard sur la scène du Sportpaleis d’Anvers (Belgique) pour les Diamond Awards en décembre 1986
