Né un 7 décembre : Tom Waits, le chanteur poète à la voix rocailleuse
Attention légende ! L’auteur-compositeur américain né à Pomona (Californie) en 1949 n’a jamais trôné en tête des hit-parades mais, à l’instar de Leonard Cohen ou de Bob Dylan, ses textes souvent cyniques autant que ses musiques minimalistes le placent au firmament des poètes du 20ème siècle
Dans son adolescence, il apprend la trompette puis la guitare. Au tout début des années 70, il se fait remarqué par le manager de Frank Zappa (un autre artiste lui aussi en dehors des sentiers battus) qui lui met un pied à l’étrier. D’emblée, le style pratiqué s’avère totalement inclassable. Si son premier album "Closing Time" en 1973 s’appuie essentiellement sur des ambiances jazz lancinantes et enfumées : piano, contrebasse, trompette souvent en sourdine et quelques zébrures de guitare électrique, sa voix rocailleuse à souhait parfois ourlée de choeurs à fendre le coeur dessinent les contours de son style. On y trouve déjà un de ses classiques : "I Hope That I Don’t Fall In Love". L’essentiel de Tom Waits s’y trouve déjà au moins en filigrane. Avec un coup de pouce des Eagles alors en pleine ascension qui reprennent son "Ol’55", le chanteur commence à trouver son public.
Réfractaire aux étiquettes trop restrictives à ses yeux, Tom Waits en collectionne néanmoins plusieurs mais toujours par petites touches : le jazz évidemment, le blues sans aucun doute mais aussi un peu de folk, de bluegrass et quelques références au vaudeville notamment pour la mise en scène décalée et humoristique de ses trop rares concerts. Autant renoncer également à séparer le bon grain de l’ivraie dans le répertoire du bonhomme. La vingtaine d’albums studio qu’il a enregistrés méritent d’être patiemment dégustés. Parmi eux figurent deux Grammy Awards : "Bone Machine" en 1992 et "Mule Variations" en 1999. Personnellement, j’ai toujours eu une tendresse particulière pour "Rain Dogs" (1985) sans doute parce qu’il s’agit pour moi de la porte d’entrée à l’univers décalé du bonhomme.
Dans la carrière du chanteur, le plus étonnant réside sans doute dans le fait que ses plus grands succès soient le fait de reprises signées par d’autres comme Bruce Springsteen avec "Jersey Girl" ou Rod Stewart avec "Tom Traubert’s Blues".
Au cinéma, Tom Waits a incarné quelques rôles emblématiques qui collent à son personnage. Il a répondu présent à Francis Ford Coppola ("Dracula" en 1992), à Robert Altman ("Short Cuts" en 1993), à Terry Gilliam ("The Imaginarium of Dr Parnassus" en 2009) et surtout à Jim Jarmusch pour une trilogie qui lui colle à la peau : "Down By Law" en 1986 aux côtés de Roberto Begnini, "Coffee And Cigarettes" en 2003 où il rencontre Iggy Pop pour le chapitre intitulé "Somewhere In California" et enfin "The Dead Don’t Die" en 2019. Ces trois longs métrages se dégustent comme s’ils étaient autant de chansons écrites par le maître lui-même. Preuve d’un humour que certains lui dénient, Tom Waits a également prêté sa voix à plusieurs séries télévisées et même aux Simpsons où il interprète un survivaliste bien décidé à échapper à l’apocalypse !
Aujourd’hui âgé de 75 ans, l'artiste s’esr fait extrêmement discret depuis une dizaine d’années.
(AK - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Tom Waits sur la scène de Bozar à Bruxelles (Belgique) dans le cadre de la tournée "Rain Dogs" le 11 novembre 1985