Né un 22 mai : Morrissey (The Smiths), chef-d'oeuvre du rock anglais
Né en 1959 à Davyhulme dans le Lancashire anglais, Steven Patrick Morrissey fête donc son 65ème anniversaire aujourd’hui.
Il est devenu célèbre comme comme chanteur et parolier de son premier groupe The Smiths, entre 1982 et 1987, même si le rôle des trois autres musiciens dans l’alchimie du quatuor n’est pas à négliger. Le guitariste Johnny Marr ciselait ainsi un chapelet de notes mettant en valeur les thématiques récurrentes chez Morrissey : la solitude évidemment mais, parfois la résultante l’une de l’autre, le désir amoureux et la dépression. Dès leur premier single "This Charming Man" sur le label Rough Trade en 1983, il élabore les idées graphiques des pochettes et puise ses références dans les classiques du cinéma français. Il choisit ainsi une photo de Jean Marais extraite du film "Orphée" de Jean Cocteau en 1950. En filigrane, il signale ainsi, de manière presque subliminale, une homosexualité qu’il finira par dévoiler publiquement même s'il préfère parler aujourd'hui d’ "asexualité".
Plus tard, il empruntera une photo d’Alain Delon, extraite du film "L’insoumis" en 1966 pour la cover de l’album "The Queen Is Dead". Il cite aussi parfois le nom d’acteurs français dans ses textes comme Claude Brasseur sur "At Last I Am Born" ou plus récemment, en 2017, Guillaume Canet sur "Home Is A Question Mark". Vous l’aurez compris, Morrissey est non seulement un cinéphile averti et un poète talentueux mais aussi un sacré intello ! Lors d’un concert au Grand Rex de Paris en 2014, il a même déclaré que la plus grande réussite de sa vie était "d’être né le même jour que Charles Aznavour".
Partisan d’une certaine forme de sarcasme et d’un humour décalé, interrogé sur sa supposée homosexualité, il a déclaré se considérer plutôt comme un "humasexual" (jeu de mots difficilement traduisible). Il ajoute que son "attirance pour les humains se limite à un tout petit nombre d’entre-eux" (au magazine américain "Spin").
De "This Charming Man" à "Hand In Glove", de "Heaven Know I'm Miserable Now" à "Bigmouth Strikes Again", Morrissey nous a offert quelques chefs-d’oeuvre du rock anglais. Mais il a aussi été au coeur d'une poignée de polémiques dont on se serait bien passé. Est-ce vraiment étonnant pour un artiste intitulant son premier album solo "Viva Hate" ? Mais Morrissey s’est toujours défendu en affirmant avoir été mal compris ou en accusant la presse, en quête de sensationalisme, d'avoir détourné ses propos. En effet, s’il déclare à plusieurs reprises "détester le racisme" (notamment et avec véhémences dans les colonnes du quotidien anglais "The Guardian"), il affirme par ailleurs que "l’identité anglaise est en péril à cause de l’immigration". Il est exact que de petites phrases comme celle-là, sorties de leur contexte qui plus est, peuvent avoir un effet dévastateur. Surtout concernant une problématique aussi complexe que l’immigration.
Végétarien depuis l’âge de 11 ans, Morrissey mène aussi des combats plus consensuels notamment pour défendre le bien être animal. "Meat Is Murder", titre du deuxième album des Smiths en 1985, se lisait déjà comme un message en ce sens. Morrissey est d’ailleurs membre de l’association PETA et fait donc logiquement interdire la consommation de viande lors de ses concerts. Pas de saucisse de Francfort, ni de hamburgers !
Mais , qu'on se rassure, il n’est pas indispensable de se plonger dans les méandres de l’esprit torturé de Morrissey pour apprécier son oeuvre.
(Pic : © Etienne Tordoir)
Légende : The Smiths et Morrissey à gauche posent sur le rue Royale au centre de Bruxelles (Belgique) en décembre 1983 (© Etienne Tordoir)