A l’imparfait du subjectif - #5 - Avec les meilleurs vieux de l’Italie !
Coups de cœur ou coups de sang, Gilles Maes partage avec nous ses émotions sportives. Quand l’œil acéré d’un éternel sceptique croise le regard émerveillé d’un éternel enfant , cela donne une chronique forcément anachronique. Postface d'Espagne-Italie, à l’imparfait du subjectif…
Après avoir expédié les Belges au Diable Vauvert, la Squadra Azzura a renvoyé la Roja à coups de pieds de but.
A la niche les Espagnols.
Malgré les vagues blanches décrites par les envolées lyriques de Twintighonderd Sèchelongue, commentateur à la RTBF par inadvertance. J’aurais bien précisé les vagues blanches dans une mer de bleu, mais ça fait un peu négligé donc je ne le ferai pas.
Non ! Le catenaccio n’est pas mort.
Défendre, c’est encore et toujours ce que l’Italie fait de mieux.
Un coup de patte génial de Chiesa, leur roublardise légendaire et la maladresse de l’adversaire font le reste.
Haaaaaa ! L’escobarderie de cette défense ! Du grand Art mon bon monsieur.
Parce que je veux bien admettre que cela puisse arriver qu’un gars tombe dans le rectangle en touchant, par inadvertance, le ballon du bras. Mais pas quand il s’agit de ce vieux finaud de Giorgio Chiellini, défenseur rusé s’il en est, qui est même arrivé à force de tracasseries par se faire morde par Luis Suarez lors d’un Italie – Uruguay à la Coupe du monde 2014.
Ce n’est pas Jan Vertonghen ou Toby Alderweireld qui pourraient nous faire ça.
Il faut avouer que quand on regarde un match avec de telles équipes on se rend bien compte que les Diables Rouges jouent dans une autre division.
Non mais, tu as vu la vitesse à laquelle ces Italiens et ces Espagnols remontent le terrain, t’as vu le mouvement des joueurs pour aider le possesseur du ballon ou secourir le défenseur ?
Chez les Diables c’est à peine si on court (avec peine) en possession de balle.
On attend.
Je vais te dire ce qui ne va pas.
Ce qui manque dans cette équipe belge.
Et c’est pas nouveau c’était déjà le cas lors d’un pénible Belgique – Algérie en 2014 au Brésil.
Ça n’a pas changé. En tout cas beaucoup moins que Julio Iglésias.
Je vais te dire et ça va pas plaire à Joe, mais je m’en fous de Joe et de ses goûts de chiotte.
Je vais te le dire à toi, parce que t’es pas toujours aussi snul qu’on pourrait le croire.
L’enthousiasme ! La frénésie ! La fougue ! La ferveur ! La rage de vaincre !
On dit que notre défense prend de l’âge et qu’elle a ses beaux jours derrière elle.
Zôôt ! Y a que Thibaut Courtois derrière elle.
Regarde un peu l’axe Chiellini/Bonucci. 37 et 35 ans les mecs. On dirait des gamins prêts à se déchirer pour le premier ballon venu.
Alors que les nôtres ressemblent à des vétérans venus pour une petite-partie-d’foot-vite-fait-entre-potes-au-bois-de-la-Cambre-avant-la-tant-attendue-troisième-mi-temps.
Comment veux-tu gagner un Euro ou un Mondial ?
Comment gagner une demi-finale avec une équipe d’éclopés en fin de convalescence, de mecs en manque de temps de jeu, de blessés à répétitions, de timorés qui n’osent pas mettre le pied parce qu’ils sont gentils, d’un gars qui s’écoute grossir à Madrid, d’autres qui préfèrent engraisser leur compte en banque en Asie.
Les défaitistes pensent que c’est fichu, que la « génération dorée » est aussi dorée que celle de Johan Cruyff au point qu’elle ne gagnera jamais un vrai titre.
Non !
Secouez-vous les mecs.
Revoyez votre copie !
Que ceux qui n’ont plus envie quittent le navire, il y a des gamins qui attendent.
Et des bons ! Pour autant qu’on les mette en confiance et qu’on les fasse jouer.
Un Martinez ne fait pas le printemps. Alors fais nous un bon hiver 2022 Monsieur Roberto.
Et si tu vois pas comment, va dire un petit bonjour à Patrick Lefevere.
Ce gars là il sait comment faire gagner une équipe, il en connaît un bout long comme un Paris-Roubaix sous la pluie.
Même avec des vieux. Même avec des gars dont plus personne ne voulait.
T’as qu’à regarder les résultats de Mark Cavendish.
Tu comprendras.
(Gilles Maes)