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Double escalade du Ventoux: un poil de suspense au Mont Chauve ?

Le Ventoux n’est pas la montée la plus dure du Tour de France, loin s’en faut. Mais la peur viscérale qu'inspire cette montagne maudite et la chaleur qui devrait régner sur cette 11e étape, mercredi, annoncent peut-être de lourdes défaillances...
 
 

Ce mercredi 7 juillet, les coureurs n'auront sans doute plus un poil de sec au moment de prendre le départ de la 11e étape du Tour depuis la petite ville de Sorgues, entre Avignon et Châteauneuf-du-Pape, pour rejoindre Malaucène, au bout de 199 km d'un parcours qui proposera -on croit rêver- deux ascensions du Mont Ventoux. Drôle de façon de saluer l'initiative du Conseil de´partemental du Vaucluse, qui a re´ame´nage´ le sommet au profit des cyclistes.

Montagne mythique

Cinq ans après sa dernière visite (étape raccourcie de 6km pour cause de vent), le Tour s'offre un double passage au sommet du Géant de Provence, devenu parc naturel re´gional et la simple perspective de gravir cette montagne mythique fait se dresser les poils de l'ensemble du peloton.

Se hisser au sommet de cette verrue inhospitalière dans le paysage du sud de la France, qu’Antoine Blondin appelait "Le Roi Pelé", c’est entrer dans un monde inconnu car le Mont Chauve ne ressemble à aucun autre col du Tour. Dans la fournaise d’un jour de juillet (on annonce 30°c au sommet mercredi), au milieu d’une double haie de spectateurs, le Ventoux est un miroir de la peur et du courage de chacun, car la mort et les coups de bambou règnent en maître sur ces pentes chargées d’histoire.

Exploits indélébiles

Tous les champions se sont frottés au Mont Chauve, et les plus grands s’y sont illustrés : Jean Robic, Charly Gaul, Raymond Poulidor, Eddy Merckx, Bernard Thévenet, Jean-François Bernard, Marco Pantani, Richard Virenque, ou plus récemment Christopher Froome. Des moments de sport qui sont restés indélébiles dans la mémoire collective et qui ont forgé le mythe du Ventoux. Sans parler des terribles drames qui s'y sont joué : la mort de Tom Simpson, le 13 juillet 1967, le malaise d'Eddy Merckx en 1970, le jogging surréaliste de Froome en 2016, le coup de chaud de Ferdi Kübler (le Suisse zigzague et pousse des cris lors de l’ascension en 1955), le malaise Jean Malléjac (le Français est victime d’un abus d’amphétamines en 1955) et d'innombrables défaillances.

Double ascension

Lors de la 11e étape, le Mont Chauve (1910 m) sera grimpé une première fois à partir de Sault, son flanc le moins connu (emprunté une seule fois dans l’histoire du Tour, en 1974, victoire de Jean-François Bernard), avant sa descente par le côté nord.

Ensuite, il faudra escalader le Géant une deuxième fois, par Bédouin et le versant sud, le plus mythique: le peloton affrontera d’abord les pentes sévères (10%) de la partie boisée de la montée. Puis, dès le Chalet Reynard, ce sera soudain un monde de pierre et de soleil aveuglant, le désert final de ce calvaire de 21,6 kilomètres pour 1610 mètres de dénivelé. Ensuite, les survivants à cette folie devront se lancer à tombeau ouvert dans la descente vers Malaucène, où a été tracée la ligne d'arrivée.

Comme si cela ne suffisait pas, il faudra ajouter le col de la Liguière (998 m, 9,3 km à 6,7%, 1ère cat.) en apéritif de ces réjouissances. Sans parler de deux côtes de 4e catégorie dans les 45 premiers kilomètres. Si certains rêvent encore de faire basculer la course et de rouler le Roi Pogacar en bas de son trône, cette étape est sans doute la plus propice aux coups de Trafalgar.

Ce qui est sûr, c'est que certains auront déjà la socquette bien rincée au moment de se lancer à l’assaut du mythe. C’est sûr, ce soir, certains s’arracheront les cheveux au pied du Mont Chauve…

(LpR/picture : Pixabay)

LpR

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Journaliste FR @Tagtik - Rubriques politique - société - économie - conflits

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